Salins-les-Bains et Arc-et-Senans, la route du sel franc-comtoise

Les salines de Salins-les-Bains et d’Arc-et-Senans, distantes d’une vingtaine de kilomètres, témoignent de l’extraordinaire activité de production de sel en Franche-Comté au fil des siècles. Avant l’invention de la conserve (1795), le sel, principal agent de conservation des aliments, était vital. Devant son importance économique, le sel a été l’objet d’un monopole royal et soumis à la Gabelle, il est devenu un instrument de pouvoir dès le Moyen-Age.
La Grande Saline de Salins-les-Bains, l’un des plus vastes complexes industriels d’Europe au Moyen Âge et à la Renaissance, a été en activité sans interruption pendant 1200 ans. Son exploitation n’a cessé qu’en 1962 si bien qu’elle a conservé ses installations techniques et préservé son architecture. La saline royale d’Arc-et-Senans a été construite au XVIIIe siècle. pour suppléer la production de Salins-les-Bains qui s’appauvrissait. Visiter les deux sites, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, en commençant si possible par Salins-les-Bains, permet de mieux comprendre l’histoire de cette production de sel. Dont acte. Continuer la lecture

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Et si tu restes seul dans la voiture ne touche à rien

Soit l’une des recommandations formulées en 1958 par la Prévention routière, laquelle s’adressait aux garçons de sept ans. Certains guides sont affectés par une certaine désuétude (c’est ce qui les rend attractifs) et de ce point de vue, celui-là ne fait pas défaut. Car une fois passées les recommandations classiques comme le fait d’attendre le feu rouge pour traverser, tout un chapitre était consacré à la conduite des troupeaux, vaches ou moutons. Cette éventualité de nos jours serait qualifiée de totalement farfelue. Mais voilà, à la fin des années cinquante, une bonne partie de la France était encore rurale et l’on pouvait confier à des jeunes garçons (les filles du moins dans ce manuel étaient exclues) le soin d’emmener les bêtes au pâturage ou de les ramener à la ferme. Y compris le soir tard puisque, était-il écrit, « si la nuit te surprend quand tu mènes un troupeau avec ton camarade, marche en tête avec une lanterne blanche et donnes-en une autre, rouge, à ton camarade, pour qu’il marche derrière le troupeau ». Continuer la lecture

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Les yeux bandés de la Synagogue

Cette statue figure parmi les somptueux moulages abrités au sein de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Sculptée vers 1230, elle orne avec quelques autres, la façade de la cathédrale de Strasbourg.  Dénommée « La synagogue », elle symbolise par son foulard masquant le regard, le refus de reconnaître le Christ comme le Messie. Son visage est oblique, elle tient en main une lance brisée (imageant ainsi sa défaite à l’égard de la chrétienté catholique), et les  Tables de la loi de Moïse semblent lui échapper. En 2007, une dépêche de l’AFP mentionnait que cette statue avait été victime de vandalisme et que l’acte antisémite était à retenir, selon le point de vue de l’archevêque de Strasbourg interrogé par l’agence. L’œuvre n’est pas une exception. On trouve incidemment un très bel équivalent, aussi sensuel sinon davantage que la première,  sur un pilier de la cathédrale Sankt Peter, à Fribourg en Allemagne. Selon le théologien Helga Sciurie cité dans « L’Art Gothique » (éditions Könemann ) elle représente avec sa tête dressée,  « la première fiancée de Dieu devenue infidèle et tombée dans la débauche, mais qui, à la fin des temps lui reviendra ». Continuer la lecture

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L’histoire de l’art moderne au sommet

Au sortir d’un vieux cinéma de quartier, il y a de ça un paquet d’années, un jeune homme sortit de la projection de « Pierrot le fou ». Il longea ensuite le square Saint-Lambert avec en tête la lecture que lui fit à voix haute Jean-Paul Belmondo, dans une baignoire et clope au bec,  d’un extrait de l’Histoire de l’Art Moderne par Élie Faure (1873-1937). Plus tard, le même jeune homme acquit l’ouvrage et sa vision de l’art en fut durablement influencée. Sauf erreur, il semble que personne n’ait pensé au cent ans de cette histoire de l’art moderne sur les rayons des libraires. Cela valait un temps d’arrêt, tant l’écriture de Faure élève toujours l’esprit, tant elle est à-même d’éclairer puissamment n’importe quel sous-sol de la pensée, tant sa brillante capacité à tenir une phrase sensée sur l’équivalent d’un paragraphe, décourage la compétition. Continuer la lecture

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Zone tampon

Tandis que le porte-plume a quasiment disparu, que le stylo-encre fait de la résistance, il est plaisant de constater que le tampon, celui qui faisait la joie et le pouvoir des fonctionnaires zélés, est en pleine forme. On peut s’en procurer pour pas cher des tout faits, avec des mentions comme « urgent », « approuvé », « refusé » « duplicata ». Ceux qui se souviennent de leurs trois jours afin de valider ou non leur aptitude à faire leur service militaire, songent encore avec émotion à la formule « exempté » qui les renvoyait alors dans leurs foyers avec un net sentiment de soulagement. Il est également possible de s’en procurer à la demande avec des inscriptions ou motifs personnalisés, les magasins de fournitures de bureaux ne sont pas regardants tant qu’on passe à la caisse. Ainsi le tampon signifiant par exemple « je t’aime » ou « je te hais » a quelque chose de tout à fait officiel avec une dimension quelque peu notariale qui en impose, faisant agréablement valoir et faire valoir ce que de droit. Continuer la lecture

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Le palais de Chaillot sur coussins d’air

En piégeant l’air, l’homme a compris qu’il pouvait s’asseoir et même dormir dessus. Il lui fallait seulement s’équiper d’un gonfleur ou d’un compresseur, pour dresser en quelques minutes un fauteuil, ou former un matelas. En étendant le principe à une maison ou à un bureau, il était susceptible en outre de jouir par transparence du panorama extérieur, tout en restant à l’abri des intempéries. Il y a eu dans les années soixante et soixante-dix une mode du gonflage  touchant l’art, le mobilier intérieur, l’architecture. Abondance de la matière plastique et de l’air aidant, on pouvait voir chaque objet du monde en potentielle matière gonflable. C’était une façon de manifester la modernité. À travers « Aerodream », la Cité de l’Architecture abrite jusqu’en février, dans le spacieux (et rigide…) palais de Chaillot, une exposition pas loin d’être épatante en raison des multiples (re)trouvailles de cette époque-là. Continuer la lecture

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Lauréats

Chaque premier lundi d’octobre commence l’énoncé du palmarès Nobel. À sa mort, le chimiste Alfred Nobel, inventeur de la dynamite, (explosif beaucoup plus stable que la nitroglycérine), avait prévu un usage posthume pour son immense fortune. Une institution récompenserait annuellement des «personnes ayant apporté le plus grand bénéfice à l’Humanité par leurs inventions, découvertes et améliorations» en chimie, physique, médecine ou physiologie, littérature et diplomatie ( le fameux prix Nobel de la paix). En 1969, s’invita un «prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel», improprement dénommé prix Nobel d’économie. Tiens, s’étonne-t-on, pas de prix pour les mathématiques ? Non, bien sûr, est-il classiquement répondu, car l’épouse d’Alfred l’aurait trompé avec le mathématicien Mittag-Loffler. Les amateurs d’informations vérifiées objecteront, d’une part, que Nobel ne s’est jamais marié, de l’autre que son amie, Sophie Hess, était beaucoup trop jeune pour avoir croisé le présumé coupable. L’explication, beaucoup plus prosaïque, tient dans le sens qu’il donnait à la discipline, outil au service de la connaissance, et non connaissance en soi. Continuer la lecture

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Vous avez dit bariténor ?

Si on ne devait acheter qu’un CD lyrique cette année, ce serait «BariTenor», celui de l’incroyable Michael Spyres, natif du Missouri, qui ne cesse, année après année, de stupéfier le monde musical. Antistar à tous points de vue, il déclare tranquillement, avec son large sourire et son air ironique habituels, être «un petit peu nerveux» en présentant ce disque qui bat plusieurs records mondiaux : premier disque consacré au «bariténor», couvrant trois siècles de musique, alternant tous les genres, totalisant quatre «world premiere» (dont un air du «Hamlet» d’Ambroise Thomas chanté en voix de ténor et celui de l’«Ariodant» de Méhul jamais enregistré), offrant 18 plages, 15 compositeurs, 84 généreuses minutes, comme s’il ne pouvait tout simplement pas s’arrêter. Tout est phénoménal dans ce CD et chez cet interprète aux aigus rayonnants, célèbre pour ses Mozart lumineux, ses Rossini virtuoses ou ses Berlioz d’anthologie, et pour la versatilité de sa voix qui couvre près de trois octaves (comme la Callas).  Mais enfin, est-ce un bariton ou un ténor ? Où sont ses limites ? Continuer la lecture

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Les tribulations d’un comédien en Chine

“Ascenseur pour Pékin”, sorti en ce mois de septembre, est le premier roman, autobiographique qui plus est, d’un jeune comédien de 33 ans, Clovis Fouin. Sans filtre, d’une plume alerte et drôle, le jeune homme y raconte son métier, son existence de saltimbanque des temps modernes. Si les mémoires d’actrices et d’acteurs sont légion, c’est en général au soir de leur vie que les artistes choisissent de confier leurs souvenirs. Mais Clovis a décidément tout pour se démarquer (à commencer par son prénom) et une expérience peu banale à relater : en 2015, il s’est retrouvé à remplacer au pied levé la star américaine Adrien Brody, aux côtés de l’ancien champion du monde de boxe Myke Tyson et le roi du film de baston des années 1990 Steven Seagal, dans un film d’action patriotique chinois. Un choc culturel et artistique de taille ! Et un livre à l’image du personnage : plaisant et cocasse. Continuer la lecture

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L’amertume en douze pieds

Si l’on devait tous s’engueuler en alexandrins, il est probable que cela limiterait les prises de becs, notamment dans la circulation. Pareil pour les débats télévisés. L’exiguïté du  théâtre La Croisée des Chemins qui reprend actuellement le « Misanthrope », fait que de surcroît l’effet est garanti sonore. Alceste donne de la voix et les foyers des logements alentour, ne peuvent manquer d’entendre quelques tirades senties, venues de fort loin. C’est bien le seul reproche que l’on peut faire à l’acteur d’ailleurs, car la puissance de son timbre trouverait mieux à s’exprimer dans une salle plus large. Mais comme il est bon de retrouver Molière, y compris dans une mise en scène moderne où le téléphone portable fait partie des accessoires. Les metteurs en scène (et également acteurs) Violette Erhart et Sylvain Martin, ont en effet transposé l’histoire dans un nouveau contexte, celui d’une soirée alcoolisée entre amis qui tourne au règlement de comptes. Ils ont même programmé une suite en sollicitant Georges Courteline et Jacques Rampal. Car la proposition est une trilogie. Continuer la lecture

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