Pour sa vente aux enchères de pin-up sur papier dimanche 23 janvier, la maison de ventes Cornette de Saint-Cyr a choisi un endroit consacré, le Crazy Horse. Une exposition des œuvres mises aux enchères était organisée la veille dès onze heures et, vers midi, il y avait autant de visiteurs que de visiteuses pour assouvir leur curiosité dans le cadre relativement étroit du cabaret de l’avenue George V.
Etaient mis à la vente des dessins, des photos, des gouaches, des sculptures, des planches de BD, toutes catégories présentant des femmes dans des poses suggestives, cette notion variant dans son traitement selon les années considérées. Rien de choquant à signaler car cela fait belle lurette, belle cornette pourrait-on dire, que l’image dite de charme ne dérange plus personne.
Alex Varenne, l’un des grands du dessin érotique, avait un jour écrit dans un hors série du journal Pilote que «créer des femmes de papier désirables et des situations qui déclenchent cette sensation n’a rien d’évident». Ses histoires parues dans divers albums de bande de dessinée démontrent qu’il a su , avec constance, se jouer de cette problématique.
Un de ses aînés s’était rendu célèbre pour avoir su dessiner des femmes désirables et provocantes : Alain Aslan. C’est lui qui faisait l’affiche de l’exposition au Crazy Horse et ses gouaches originales se cèdent dit-on autour de 12 500 euros. Aslan est lié au magazine Lui. Il est né en 1930, il a été peintre des armées, sculpteur (un buste de Gaulle), illustrateur pour la Bibliothèque Rose avant de se lancer dans la peinture et le dessin de charme.
Des œuvres anciennes de spécialistes américains du genre constituaient l’un des attraits de ce rendez-vous matinal au Crazy Horse. Jerry Lind, né en 1937, était de ceux-là. Il consacre sa vie à l’art graphique après voir passé 18 ans de sa vie dans l’armée américaine. Son portrait de Ronald Reagan lorsqu’il était président des Etats-Unis le fait un jour accéder une notoriété différente de celle qu’il avait acquise avec ses pin-up et portraits de stars.
L’ancêtre Peter Driben, mort aux Etats-Unis en 1975, était également présent. Il est considéré comme un des plus grands illustrateurs américains de pin-up dans les années 40 et 50. C’était un habitué des couvertures de magazines. Son modèle à peine dévoilé en bikini rouge ne ferait plus rougir qui que soit de nos jours.
Il ressort de cette exposition que le charme a en effet vécu, que le suggestif a dû tirer sa révérence et que la provocation gentiment transgressive a cédé sa place à une sorte de vulgarité transfrontalière qui banalise l’impudeur et qui se labellise avec le string apparent. Le charme avait du bon. Il est aujourd’hui aux enchères.