Ici, pas de peloton, pas de compétition, pas de caravane publicitaire. Ici, pas de voitures, pas de bruit, pas de stress. Depuis le bassin de la Villette, le canal de l’Ourcq est l’endroit idéal pour aérer ses poumons et acérer ses mollets en pédalant à son rythme le long de la piste cyclable aménagée jusqu’à Claye-Souilly, 30 kms plus loin.
Sorte de petit paradis pour oisifs actifs, le canal n’est peuplé que de joggeurs, cyclistes, promeneurs et pêcheurs. Par endroits sur la rive opposée, on peut admirer des jeunes en train de se livrer à un ballet pictural. Rouge, jaune, vert, mauve, les bras s’agitent et les bombes virevoltent entre leurs mains. Noir, orange, cobalt, la peinture dessine de magnifiques graffiti sur les murs tristes. Certains sont de véritables œuvres d’art qu’on a plaisir à photographier.
Au fil de l’eau, voguent quelques péniches, bateaux de croisières touristiques et navettes fluviales. Les samedis et dimanches d’août, des demi-flûtes de l’Ourcq refont surface, comme par magie. Ce bateau fluvial de petit gabarit (3 mètres de large sur 14 mètres de long pour la demi-flûte et 28 pour la flûte) avait été conçu spécialement pour la navigation de commerce sur le canal de l’Ourcq. Elle a été abandonnée aujourd’hui mais des flûtes métalliques ont été conservées et sont ressorties à l’occasion de la manifestation populaire « L’été du canal ». Il vous arrivera également de croiser Caroline, le bateau bar qui débouche (on ne peut pas mieux dire) de l’Yonne pour vous proposer des dégustations de vins de Bourgogne bios. A vous de juger si vin et cyclisme font bon ménage.
Le canal de l’Ourcq, on le doit à Napoléon et ce sont les contribuables parisiens qui l’ont financé. Pour alimenter Paris en eau, il a en effet décidé en 1802 la construction d’un canal de dérivation de la rivière d’Ourcq jusqu’à un bassin près de la Villette. En 1808, le bassin de la Villette est inauguré mais le canal n’est achevé qu’en 1821. Les décennies passent, l’alimentation du canal reste insuffisante et le projet rencontre de nombreux déboires. Il faut puiser dans la Marne, aménager des usines hydrauliques de pompage et faire face aux ruptures fréquentes de digues. Jusqu’à ce qu’en 1920, la préfecture de la Seine entreprenne sa reconstruction à grand gabarit jusqu’à Pavillon-sous-Bois.
Aujourd’hui, la navigation marchande a disparu et le canal est un havre de paix bucolique. Ses rives désertes et silencieuses conviennent parfaitement au promeneur ou sportif solitaire. Mais qui dit désert dit aussi impossibilité de trouver de quoi se sustenter en cas de faim ou de soif intempestive. Entre Bobigny et Sevran, la dernière halte possible est l’Oasis, un grand café de plein-air, situé à côté du parc de la Bergère. Ne le manquez pas.
Dix kilomètres plus loin, il est temps de sortir le nez du guidon pour pénétrer dans le magnifique parc de 140 hectares de Sevran. Centre majeur de production de poudres civiles et militaires de 1873 à 1973, il est désormais un site classé. L’activité «explosive» a façonné le paysage du parc comme le confirment le tracé de ses allées, la présence de mares et de massifs plantés, l’architecture des bâtiments, jusqu’à l’essence de certains arbres. En 1973, l’aménagement du parc a nécessité la démolition de plus 90 % des constructions. Une trentaine est conservée et il est vivement conseillé de parcourir le parc de bout en bout tant l’impression de se promener dans un ancien décor de film est forte.
Une page d’histoire. La création de l’ancienne Poudrerie de Sevran-Livry, a été décidée par Napoléon III pour dynamiser le commerce des poudres noires civiles qui était juteux pour le Trésor. Sevran, site éloigné des grandes agglomérations urbaines tout en étant près de la capitale, était d’autant plus parfait qu’il pouvait être alimenté en eau par le canal de l’Ourcq. Suite à la défaite face à la Prusse, la poudrerie a été placée sous tutelle militaire en 1873. Conjuguant alors activités militaires et civiles, elle double de volume notamment par l’adjonction d’un terrain de tir au canon et de terrains d’essai. La recherche scientifique sur les substances explosives se développe avec le temps. C’est ici qu’a été produite pour la première fois la poudre B sans fumée. Pendant la première guerre, 3000 ouvriers en fabriquent sur ce site au rythme de 12 tonnes par jour. Autres temps, autres mœurs : dans les années 50, la production comprend celle de propulseurs pour roquettes et fusées. Petit à petit, la recherche prédomine. Les bâtiments ferment les uns après les autres jusqu’à l’abandon de la Poudrerie.
A l’entrée du parc, le pavillon Maurouard, ancienne centrale de force motrice de la première Poudrerie Impériale, abrite un café. Il possède toujours son clocheton qui consignait autrefois les heures de travail. Muet aujourd’hui, il ne risque pas de vous réveiller en sursaut si vous vous assoupissez à l’ombre d’un saule pleureur.
Après une halte dans le parc de Sevran, les mollets acérés reprendront la piste cyclable qui continue jusqu’à Claye-Souilly, environ 15 kms en contrebas. Les mollets fatigués auront tout loisir de repartir vers Paris. A Claye-Souilly, l’aventure ouvre ses bras aux contrebandiers de la petite reine. C’est en effet un chemin de halage, explicitement interdit à la circulation cycliste mais carrossable, qui prend le relais jusqu’à Meaux. Si vous enfreignez l’interdit, vous aurez alors parcouru 50 kms depuis Paris.
Super banco ? Envie de doubler le défi et de jouer au champion cycliste ? C’est possible. Un chemin balisé, mais pour la randonnée pédestre, longe le canal de Meaux à La Ferté-Milon. Nous n’avons pas testé, peut-être aurez-vous besoin d’un VTT pour le parcourir. Peut-être même opterez-vous pour un petit fix d’EPO histoire de rendre la pédale plus douce. Quitte à jouer au champion, autant y jouer jusqu’au bout. Car, n’oubliez pas : il vous faudra parcourir les 100 kms retour.
à la lecture de cet article, les fourmis dans les jambes et la tête se font sentir…
Merci !
Merci pour cette sympathique balade, et un conseil, faire attention aux anciens rails du chemin de halage, pas terrible pour les roues de vélo !
….ni pour les coudes ….mais joli lieu quand même ! … même a pieds !
Question, on roule rive gauche ou rive droite…
Jolie balade merci
merci encore Lottie pour cette balade ! …hum qui reste virtuelle pour l’instant mais promis : dès que j’ai un vélo potable, je programme cette rando au bord de l’Ourcq.
Merci pour l’article.
Traces GPS entre Meaux et Claye-Souilly:
En suivant l’Ourcq dès la sortie de la gare de Meaux (plus urbain)
http://www.visugpx.com/?i=1375837501
En commençant par la Marne avant de rejoindre l’Ourcq et son chemin de hallage (parcours moins urbain)
http://www.visugpx.com/?i=1375837113