Bizarrement, la seule photographie qui ne figure pas sur le parcours de l’exposition « Vues d’en haut », à Metz Pompidou, est celle qui fait l’affiche. Après avoir refait le parcours, nous nous sommes renseignés auprès de l’un des gardiens, y compris auprès de la caissière…
…non, décidément Margaret Bourke-White en position vertigineuse en haut du Chrysler Building (New York) en 1935, n’est visible que sur le fronton du musée, sur les murs de la ville de Metz et aussi dans le métro parisien.
Cette originalité (jusqu’à plus ample informé car si cela se trouve elle nous tournait le dos) mise à part, personne ne regrettera les 80 minutes de train qui séparent Metz de Paris. D’autant que si c’est une première fois, la gare de Metz à elle seule suscite l’étonnement jusqu’à, quelque cinq cents mètres plus loin, la vue du dôme pompidolien de ce très récent musée.
Architecturalement c’est un genre qui incite le visiteur à se demander quelles étaient les autres propositions qui ont suivi l’appel à projet. On ne peut pas dire qu’il insulte le paysage non, mais il s’y fond très vite. On dirait un office de tourisme au pied d’une station de ski. D’aucuns diraient que c’est vache pour les stations de ski.
En revanche l’exposition tient ses promesses. Avant même l’entrée y figure un drone qui interpelle par sa présence insolite, mais c’est un clin d’œil. Cet appareil signé Safran n’est pas un prédateur, il ne sait que prendre des photos « d’en haut ». Un petit clin d’œil publicitaire pour le groupe aéronautique qui l’a construit.
Encyclopédique, chronologique, le parcours nous embarque aux débuts de la photographie aérienne à bord des aérostats. A ce propos, il y a cette photographie remarquable d’une époque où on pouvait dire sans que ce fût déjà un poncif que les gens ressemblaient à des fourmis à partir du zeppelin d’où est pris le cliché.
Si bien faite cette exposition que la durée du parcours ne se fait pas sentir et l’on prendra du plaisir en longeant la section cubiste, para et post-cubiste, ces professionnels de la perspective qui savaient offrir des points de vue multiples, superposés, décomposés, latéraux, vu du dessous, de l’intérieur et aussi du dessus.
Les ignorer eut été une faute. Picasso, Braque, Delaunay, Malevitch, Klee, Kandinsky, Marinetti, Léger ou encore Mondrian font partie à ce titre des invités naturels et l’occasion de les voir est bonne à prendre même si le rapport avec l’esprit du programme ne s’impose pas toujours avec l’évidence qu’un esprit tatillon serait en droit de réclamer. En même temps, « Vues d’en haut » est un concept suffisamment large pour accueillir généreusement beaucoup de monde. Ne boudons pas notre plaisir du haut de nos deux pieds.
La recension de ce qui a été jugé digne d’être exposé serait trop longue pour l’auteur de cet article qui n’a jamais eu pour objectif dans la vie de rédiger un annuaire, une nomenclature, ni même un catalogue.
Citons quand même un moment quelque peu refroidissant qui est la ville de Dresde (Allemagne) vue d’avion après que Churchill se fût amusé à la flamber avec ses habitants avec des bombes incendiaires. On y voit aussi Caen (jusqu’à 15 000 civils tués dit-on) avec ses immeubles réduits à de la dentelle par les bombes américaines. Dans les deux cas la vue d’en haut ne donne qu’une petite idée de l’effroi vécu vu d’en bas.
Non le mieux, c’est de terminer ce premier niveau qui en a deux par un film américain réalisé dans les années trente, bien connu sous le nom de « Carioca, fly down to Rio ».
Un régal d’étonnement et de rigolade que son auteur Thornton Freeland a commis avec un gros trucage ébouriffant d’efficacité. Soit une revue de danseuses en action et en altitude sur les ailes d’un monomoteur. Trois minutes de gaieté contagieuse dont nous, Soirées de Paris, avons retrouvé la trace sur Youtube et que nous vous offrons avec plaisir sans compter l’assurance de notre parfaite considération, amicale, choisie et distinguée.
Carioca, flying down to Rio (1933) (A voir et revoir)
Jusqu’au 20 juillet, date du break estival, Les Soirées de Paris vont lever un peu le pied en ralentissant le rythme des parutions. Pour information. Merci de votre attention et de votre fidélité. PHB
Parfait pour la bonne humeur ce petit film
Et quitte à contempler la gare de Metz, ne pas oublier un détour par la librairie qu’elle abrite…
Très juste. La librairie est très belle. PHB
That saves me. Thanks for being so seesibln!