Marek Halter dans les traces des Justes

Dire, rappeler, écouter. Ecouter  quand il en est encore temps. Ecouter ceux qui inévitablement devront partir un jour et leur mémoire avec. En 1994, les pas de Marek Halter l’ont conduit dans les traces des chemins maudits de l’Europe où errent à jamais les ombres de six millions  de juifs exterminés par la folie Nazi. Bientôt en DVD.

« Je me souviens de Varsovie sous les bombes ce jour du Kippour, jour du  Grand Pardon de l’an 1939. Un an plus tard, les juifs de Varsovie et des environs, près de 600.000 personnes sont transférées et enfermées dans l’espace de quelques rues. Le  Ghetto de Varsovie est né. Coupé du monde par un mur d’hostilité et la menace de la mort, les juifs continuaient d’espérer. Certains attendaient Dieu, d’autres attendaient l’aide des hommes. Nous ayant donné la connaissance du bien et du mal ainsi qu’une conscience avec laquelle nous devons nous arranger, Dieu n’avait pas à se manifester. Le désespoir en revanche, est bel et bien venu de l’absence des hommes. Pas un mot de soutien. Seuls. Les juifs étaient seuls. Jamais pour ma part je n’ai pu admettre cette idée-là. »

Marek Halter, l’écrivain engagé pour la cause des droits de l’homme glisse sur un mur sans fin. Aucune aspérité pour l’arrêter. Le mouvement inéluctable du temps que l’on ne peut remonter. « Le monde repose sur trente-six Justes, dit rabbi Abayé dans le Thalmud, sur dix-huit mille dit rabbi Raba, sur neuf mille, corrige Pascal. »

Détail d’un wagon de déportation visible à la gare de Compiègne. Photo: PHB

Cinquante ans déjà, nous sommes en 1994, les derniers feux de la mémoire brûlaient encore. 500.000 juifs furent sauvés par des hommes ou des femmes, de simples citoyens, souvent chrétiens. Marek Halter plonge dans la nuit et le brouillard à la recherche de ces « Justes ».

Varsovie, Rome, Paris, Copenhague, Berlin, Amsterdam…Ils  ont caché, aidé, fait fuir des juifs. Pourquoi ont-ils pris tant de risques pour sauver des voisins peut-être, des amis parfois, des inconnus souvent ? Ils racontent leurs histoires, simplement évidentes, tandis que Marek Halter cherche une logique qui n’existe évidemment pas, où l’héroïsme de quelques-uns ne fut pas le courage de tous.

 « Je remarque sans me l’expliquer, que dans leur majorité ces gens n’étaient pas des intellectuels. Ils ont agi spontanément sans se poser de questions, sans même envisager de faire un autre choix. Pourtant leur propre vie était souvent en jeu », s’interroge l’écrivain.

La peur, le mot revient souvent, sans cette fichue peur combien d’autres juifs auraient pu être sauvé.  Le temps ne se remonte guère plus que l’indicible horreur ne peut se raconter.

Les Justes De Marek Halter (1994)/DVD disponible à la vente le 4 juin 2013/

Ed. Montparnasse

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3 réponses à Marek Halter dans les traces des Justes

  1. Philippe Bonnet dit :

    En mémoire effectivement de tous ces justes non répertéroriés comme tels. PHB

  2. DERENNE Pierre dit :

    « L’industrie de l’holocauste » (*) fonctionne encore bien, je vois.

    Tout ceci est bien loin néanmoins. Si vous voulez faire preuve de compassion, conjuguez le présent. Le monde aujourd’hui, au moment où j’écris, vous offre tout plein d’opportunité et les témoins vivants sont légions…

    (*) Norman G. Finkelstein

    • Bruno Sillard dit :

      Quel est le sens de l’Histoire si ce n’est de donner aux hommes un passé. C’est la somme de toutes les vies qui donne un sens à la sienne propre… et ils sont rares les quelques misanthropes, qui au bout de leur chemin puissent affirmer, j’étais seul et je n’ai eu besoin que de moi-même.

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