Il y a des affiches de cinéma qui ne donnent pas envie. Le pompon de ces derniers jours (sorte de movie award, donc) peut être attribué sans conteste à « Amitiés sincères ». Rien que le titre d’ailleurs témoigne cruellement d’un contenu que l’on devine creux. Amitiés sincères, c’est un peu comme regrets éternels.
Dans son édition de mercredi 30, le Monde s’est du reste fendu d’une brève pour parler d’un film «sans enjeux» qui s’inspirerait de veine Claude Sautet sans en avoir la «profondeur». Après ça, il faut avoir une foi de croisé pour seller son cheval et y aller. Ou encore être accablé à titre personnel d’une «amitié sincère» avec l’idée que ce film fournira peut-être une solution pour s’en débarrasser.
Sans l’avoir vu donc, nous voilà tristes à l’avance pour Wladimir Yordanoff tellement bon par ailleurs et que l’on sent un peu mal à l’aise ou à tout le moins guère convaincu sur cette parodie photographique du bonheur à la plage.
Qui plus est une interview de Jean-Hugues Anglade (l’un des acteurs du film) pêchée au hasard du web nous apprend qu’il s’agirait entre autre choses d’une amitié mise à mal par l’un des protagonistes (Anglade) couchant avec la fille de son meilleur ami. La question étant: faut-il lui dire la vérité. Soit une intrigue en béton. Claude Berri avait très bien fait ça dans les années quatre vingt avec « Un moment d’égarement » (film qui a bien vieilli) mais pas au point de nous donner envie d’aller tâter du remake. Les plus indulgents se laisseront peut-être convaincre par la bande-annonce. Qui sait.
Et pendant ce temps-là, «dans le désert, le hasard n’existe pas». Le saviez-vous. Encore une des ces phrases comiques du type «dans l’espace personne ne vous entendra crier» (sur l’affiche d’Alien sauf erreur), où l’on se dit «bigre» cela ne sent pas la comédie à fou-rire.
L’affiche du film «Intersections», qui comporte cette mention définitive sur le désert, laisse craindre le pire tout comme la dégaine à faire peur ou hurler de rire c’est selon, des têtes d’affiche. Mais appuyons sur « pause » afin de découvrir le synopsis sur Allociné (que nous remercions):
Un couple de New-Yorkais fortunés est en lune de miel au Maroc… L’amant de la mariée rôde avec ses propres plans… Un dangereux trafiquant de diamants est transféré vers une prison… Une femme énigmatique voyage avec un bébé… Leurs histoires vont s’entrechoquer dans un brutal accident de voitures, au beau milieu du Sahara. Les survivants n’ont d’autre choix que d’unir leurs forces pour s’en sortir indemnes. Mais à qui faire confiance ? Surgit alors des dunes un mystérieux étranger. Les destins sont désormais liés pour un voyage semé de rebondissements, de mensonges et de trahisons… Et si rien n’était arrivé par hasard ?
Drôle, non? Et appuyons sur « play » pour voir la bande-annonce (Sur AlloCiné).
C’est le miracle de ces films dont on peut dire qu’ils sont probablement mauvais sans pourtant jamais les avoir vus et sans intention de les voir jamais. Ceux qui font les affiches se donnent du mal pour vendre la came mais dans certains cas la mission est de toute évidence impossible. Quand les bandes-annonces n’arrivent pas non plus à corriger le tir, c’est que même un Scrabble en famille sera toujours plus divertissant. « Bah, il en faut bien des mauvais films. Sans eux on ne distinguerait pas les bons des nuls. Et dans l’espace il n’y pas plus de bande-annonce que d’hygiaphone pour le crier, l’amitié ça va ça vient, j’ai un désir sincère pour la femme de mon meilleur ami sans oser lui dire »…etc…etc… Les phrases à inventer pour se consoler à la sortie de les avoir finalement vus offrent des perspectives sans fin.
Ces dernières lignes me font penser à l’affiche d’Alien, le huitième passager :
« Dans l’espace personne ne vous entendra crier »
Il faut dire que l’affiche et la bande annonce fonctionnaient bien.
Il reste que l’avenir du film se joue encore lors de la première séance le mercredi à 14 heures. Un miracle chaque semaine recommencé, y aura-t-il des spectateurs ? Combien? Ce mercredi 14 heures, se décidera d’emblée s’il faut changer de salles.
Il me souvient d’un film pourtant sorti sans grande promotion mais qui s’est s’installé ainsi dés le mercredi : « Trois hommes et un couffin » de Coline Serreau.
Ce premier soir, la salle, du côté de Saint Michel était déjà comble… et le film savoureux. Il dépassera les dix millions d’entrées en France.
C’était le mercredi 18 septembre 1985. Non je ne suis pas maniaque au point de me remémorer de toutes les dates et heures des films sortis en salle.
Non, ce mercredi, ce devait être à la séance de 20 heures, tout à coup j’ai senti la main de ma compagne prendre la mienne pour la poser sur son ventre Régulièrement mais sans précipitation, commençait ce battement de vie… si émouvant. Il prenait son temps, nous allâmes ensuite au Bar de l’Ecluse, puis vers minuit, un taxi nous emmena à la maternité, elle était dans le XIVème. On me demanda de revenir, au petit matin. Ces choses là prennent leur temps, m’expliqua-t-on.
Le téléphone sonna, « venez vite !»
J’arrivais, je n’ai pas eu le temps de m’attifer de blouse, bonnet … Françoise soufflait pour se décontracter et non pour expulser, sitôt arrivé, Anna n’avait plus de raison d’attendre, elle est née. Sitôt, je me la retrouvais dans mes bras. Sitôt, je lui donnais son premier bain. Ce 19 septembre 1985, j’ai pleuré. Je suppose que Coline Serreau devait être ravie aussi.
Cette Coline Serreau qui a tourné des années plus tard un excellent « Saint-Jacques la Mecque », une comédie sociale avec des éclipses surréalistes remarquables. PHB
…et c’etait la première fois que j’etais « tata » …et « pile poil » 22 ans plus tard le 19 septembre 2007 j’etais la première fois grand mère …rien a voir avec le cinema, rien a voir avec Coline Serreau …dont je crois avoir vu tous les films avec une preference pour « Chaos » ou Rachida Brakni etait magnifique …
Effectivement, ces 2 affiches + leurs bandes annonces vue au ciné (durant le festival Télérama) m’avaient laissé le même sentiment : à quoi bon ?