Qu’est-ce donc que ce Bal présenté au Théâtre de la Huchette, antre des soirées Ionesco depuis un demi-siècle ? Un vaudeville intello, un Tchekhov hilarant, une folle soirée dansante de poche ? Un peu de tout ça, et c’est tant mieux. Le Bal est une réussite, un savoureux moment de théâtre.
Le Bal est tout d’abord un roman d’Irène Némirovsky publié en 1930. Un roman aujourd’hui adapté et mis en scène par Virginie Lemoine pour le plaisir des quelques dizaines de spectateurs qui peuvent pour l’instant en profiter, qui plus est une fois seulement par semaine (le lundi à 19h00). Gageons que nous n’en resterons pas là. C’est ce qu’on peut souhaiter à la pièce, quand bien même cette fréquence et cette exiguïté participent au charme de l’instant. Dites-vous bien que ces petits sièges brinquebalants et cette scène miniature ont déjà vu plus de 17.000 fois La Cantatrice Chauve et La Leçon !
Pour Le Bal qui nous occupe aujourd’hui, rien à refaire. Les comédiens connaissent finement la partition et le décor s’adapte à l’espace grâce à une mise en scène inventive et vive. Le texte, adapté en film dès 1931 sous la direction de Wilhelm Thiele et avec Danielle Darrieux alors âgée de 14 ans dans son premier rôle sous les traits d’Antoinette (délicieuse Antoinette, nous y venons), est grinçant à souhait.
L’adaptation est fidèle «à 100%» au texte original, nous promet Virginie Lemoine, venue ce soir-là présenter avec émotion l’auteur plus que son propre travail. La pièce nous fait tour à tour rire et frissonner d’angoisse, sur fond de lutte des classes, d’ascension sociale, d’éducation des enfants, de choc des générations dans le Paris des années 20.
De sourires de façade en coups bas, de rêves d’enfants en désillusions de nouveaux riches, la tension monte peu à peu. Même la chute est intéressante. Personnage central, l’adolescente Antoinette est aussi attachante qu’inquiétante. Elle n’est ainsi pas sans rappeler Carrie, cette adolescente invitée «au bal du diable» par la caméra de Brian de Palma dans les années 70 d’après le roman de
Stephen King. Sauf qu’en l’occurrence les coups de poing visuels du film américain semblent un peu fades face à la plume assassine d’Irène Némirovsky.
Ce court roman est en effet un petit bijou… Dommage que la pièce ne soit jouée qu’une fois par semaine, et à un horaire si peu pratique…
c’est ma tata qui joue le role de Antoinette, je trouve que la piece était super