On y entre par curiosité. On en ressort avec en tête un questionnaire dont on pas fini de cocher les cases. L’exposition sur les robots qui se tient actuellement au CNAM commence par faire sourire et arrive assez vite à nous inquiéter.
Il y a ce curieux animal à vocation militaire. De très loin il ressemble à un mulet. Mais de près, son absence de tête et ses longues pattes d’araignées stoppent immédiatement la comparaison. Un petit film montre que, farci d’électronique, la bête est capable d’aller partout, de traverser des champs enneigés comme d’évoluer sur un lac gelé. Lui asséner de violents coups de pied la déstabilise mais elle se remet, vaille que vaille sur ses étranges pattes articulées pour repartir de l’avant. Ce robot est comme un drone mais il est adapté au terrain.
Mais c’est vrai que dès le début de l’exposition on a le sourire aux lèvres. Passé le contrôle humain, l’accueil est assuré par deux robots parlants, mâle et femelle, qui ravissent les enfants. Comme on enchaîne sur les jouets après un bref passage par les systèmes automates de l’ancien temps, il n’y a pas de raison de se méfier davantage.
C’est évidemment sympathique, cela évoque le robot de « Toy Story » qui n’a qu’une seule obsession dans la vie, aller « vers l’au-delà et l’infini ». Cette première évidence saute aux yeux : un robot cela sert uniquement à faire ce que l’on attend de lui et s’il faut faire rire les enfants, il suffit de le paramétrer pour.
Après les jouets, fini la rigolade et bienvenue dans les applications industrielles et scientifiques de la robotique. Les arthropodes métalliques à processeur et logiciel permettent d’aller là où l’homme ne survivrait pas comme le cœur d’une centrale nucléaire, le fond des mers ou tout au fond d’un estomac pour aller réparer un dommage sans passer par le la chirurgie à l’ancienne.
Comme le visiteur pourra le constater, les militaires se sont également emparés de la technique robotique pour des applications martiales. Au contraire des grandes guerres ou la comptabilité des victimes donnait le vertige, chaque nouveau décès de nos jours enclenche un communiqué à l’unité par les autorités. Le guerrier synthétique existe, celui qui peut voir simultanément devant lui et derrière son dos. Celui-là ne saigne pas. Il n’est pas « né pour tuer » en référence aux marines américains mais il conçu pour tuer avec absence d’états d’âmes et ignorant du choc post-traumatique bien connu des soldats humains. A noter que pendant les pauses il peut passer l’aspirateur y compris dans le noir grâce à sa visée infrarouge. Génial.
Les scénographies du CNAM fonctionnent en corridor. Les sens interdits et le sang glacé par les débouchés et perspectives d’utilisation militaires de moins en moins virtuels à droite, on pourra se réconforter à gauche par les quelques aperçus domestiques de robots faits pour nous aider, nous soulager ou nous satisfaire dans nos foyers. On peut là aussi songer au film de Woody Allen « Woody et les robots » « Sleeper » en anglais, qui avait su exploiter la veine comique du genre dès 1973.
Un robot ça peut tout faire, de la vaisselle à des trucs plus intimes, tout est question de programmation et de la puissance du logiciel qui va avec. Un androîde est, si on le désire, docile, toujours de bonne humeur et n’émet jamais de reproche. Le super-robot serait celui qui pourrait directement négocier avec une plate-forme télécoms surtout quand le standard adverse est tenu par un automate vocal. Il y aurait là de quoi s’amuser en comptant les points.
Idéal le robot qui nous épargnerait tout en satisfaisant au passage nos désirs? Oui… enfin jusqu’au jour où l’on constatera que la contrariété est le ressort caché du bonheur.
Cette exposition n‘est donc pas anodine. Nous n’en sommes pas encore au jour où les robots visiteront une exposition composée d’humains variés. Mais Le robot nous interroge. Durablement.
On se souvient toujours de son premier robot (bon je rigole, m’envoyez pas en consult. à Sainte Anne). Enfin n’empêche, je me rappelle d’ « un jour où la terre s’arrêta » de Robert Wise en 1951. Un méchant gentil robot venu avec son maître demander aux humains d’arrêter leur guéguerre.
Génial !
PS. Oui je sais il y a eu en remake en 2008, mais ce n’était plus mon premier robot.
Formidable commentaire et pressante envie de se rendre illico presto subito au CNAM !
Bruno, je me souviens aussi du formidable « Jour où la terre s’arrêta ». Finalement, avec l’ouragan Sandy, Manhattan s’est éteint par le jeu d’une catastrophe naturelle.
Sans l’intervention d’extra-terrestres. Quand la réalité dépasse la fiction…
Un robot pour répondre aux automates d’appel bonne idée
Un robot parle aux robots, alors. Dans quel univers vit-on ?