Jean-Yves Langlais, l’habitant bienveillant de la Cité des Arts

Les 318 résidents de la Cité Internationale des Arts de Paris ont reçu leur nouveau Directeur il y a trois mois : Jean-Yves Langlais. En invité de marque,  il ouvre le champ des possibles de cette institution hors du temps. 

Y grouille, dans une atmosphère joyeuse et ouverte, une population hétérogène d’artistes. Chacun bénéficie d’un atelier de la Cité pour une période de deux mois à deux ans. 

Tous les genres, toutes les esthétiques et surtout tous les pays se côtoient dans l’imposant vaisseau de pierres blanches de Pont Marie. Et cela depuis 1962, grâce à la générosité de Simone Brunau qui a créé cette fondation.  

En plein cœur historique de Paris, musiciens, écrivains, plasticiens, peintres, photographes, académistes ou inclassables, performeurs hybrides ou danseurs classés, envoyés par des souscripteurs partenaires, s’y rencontrent et créent à leur gré. 

Aujourd’hui, ils continuent, juste un peu autrement, certainement plus intensément, entourés par un directeur attentif, dynamique et proche mais jamais intrusif. 

En arrivant en septembre 2010, Jean-Yves Langlais observe les coutumes de ses hôtes pour voir « ce qui manque » et ne pas faire dans le « boursouflé ». Un leitmotiv subtil, une marque de grand respect vis-à-vis des résidents. 

Ceux-ci s’invitent mutuellement dans leurs ateliers pour parler de leur travail. Que leur manque-t-il ? De l’espace pour recevoir plus de monde, des moyens… Qu’à cela ne tienne. Jean-Yves Langlais lance le P&P, Présent et Projet : chaque mois, deux résidents présentent leurs productions sous la forme qu’ils désirent, dans l’auditorium de la Cité. 

L'auditorium. Photo: Juliette Delaporte

Le 15 décembre s’est tenu le premier P&P, Mia Bailey allemande et australienne projette ses vidéos où elle interroge les limites du visible. Son invitée, l’italienne Margherita Marchioni  explique ses installations : bouteilles d’eau, lunettes cassées et autres « déchets » tristement laissés à l’abandon trouvent une éclatante seconde vie. L’auditorium est désormais habité. 

Et pour qu’ils s’approprient davantage leur lieu, Jean-Yves Langlais réunit les résidents autour de la nourriture. Car les résidents, ce sont d’abord des corps ; qui mangent, qui bougent, qui suent, qui traversent la cité. Le corps, c’est la question centrale de Jean-Yves Langlais: quel meilleur moteur pour celui qui fait en sorte que les résidents habitent encore mieux leur maison ? 

Y compris les salles d’exposition, qui ne doivent pas rester des lieux blancs et aseptisés : dernièrement le Directeur y a invité à dîner quelques résidents. Et comme il dit : « Une grande table,  une nappe blanche, un verre d’eau, un verre de vin, une assiette,  des couleurs et, talk. » 

Cela paraît évident, et c’est pourtant tout un art de réussir à faire simple, notamment en identifiant les vraies questions.  Celle de la frontière est fondamentale à la cité : bientôt Jean-Yves Langlais invitera Régis Debray à venir déjeuner, goûter, dîner dans différents ateliers. Pas de cérémonie: l’auteur du récent ouvrage L’Eloge des frontières entrera en conversation avec des corps libres, non entravés pour certains, par leur statut de réfugié politique. 

La Cité des Arts.

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