Imaginez une école d’art où Paul Klee et Vassily Kandinsky sont vos professeurs. Imaginez des bâtiments à l’architecture moderne avant-gardiste révolutionnaire. Enfin, imaginez une école où l’on n’est pas seulement là pour apprendre mais aussi pour vivre, créer et faire la fête! Cette école, c’est celle du Bauhaus que le Barbican nous raconte dans une exposition majeure, riche et captivante.
“Un avion devait parachuter des cadeaux pour moi”, écrit Paul Klee. “Il s’est écrasé sur le toit et les cadeaux ont directement atterri en plein milieu de mon studio”, poursuit-il dans une anecdote évoquée le long de la splendide exposition, Bauhaus, « Art as life, la première qui, depuis la réunification de l’Allemagne, réunit les archives des trois grandes écoles du Bauhaus, à Dessau, Weimar et Berlin.
L’art pour mieux vivre. Dans un cadre qui colle parfaitement avec le sujet – l’architecture géométrique et bétonnée du Barbican – , l’expo couvre tous les aspects du Bauhaus dont le côté foufou et joueur des étudiants, capables de louer un avion pour combler leur professeur. Plus de 400 pièces sont exposées et parmi elles, des oeuvres magnifiques de Klee, Kandinsky, Otto Schlemmer et Johannes Itten – pour ne citer que les plus connus.
A la fois pensionnat, atelier, laboratoire, studio et terrain de jeux, cette école au vaste terrain de jeux fut fondée en 1919 par Walter Gropius à Weimar. Son objectif : mélanger art et technologie d’une manière totalement novatrice, tout simplement pour mieux vivre. Malheureusement, elle ferme prématurément ses portes en 1933 quand l’Allemagne s’enfonce dans le nazisme.
La joie d’étudier, de créer et de vivre. Outre les oeuvres, les nombreux documents, les objets (dont des meubles aux lignes épurées, des tissages à rayure incroyablement modernes et actuels, des vêtements, des jouets, des services de vaisselle…), les photographies ont un rôle prépondérant dans cette exposition. Elles révèlent notamment la force du lien voire l’osmose étudiants professeurs mais aussi la joie, le fun, l’extravagance comme cette photo d’étudiants quasiment habillés en tenues “bondage” ou encore une “Wonder Woman” avant l’heure, tout de métal vêtue… Elles sont aussi tout simplement le reflet de la richesse du mouvement Bauhaus, l’application de l’art au quotidien dans le design d’objets, de textiles, de vêtements. Mais aussi son implication dans la communication : les campagnes de publicité (notamment pour Nivéa) et la publication.
Bauhaus, art as life atteint parfaitement son objectif : montrer l’importance et l’influence du Bauhaus sur notre vie d’aujourd’hui. Sans l’école de Walter Gropius, nous n’aurions peut-être ni design épuré, ni toit plat, ni grandes fenêtres, ni cours d’art pour tous… Et surtout la conception que l’art est à la portée de chacun d’entre nous, au quotidien.