A la mairie de Paris, la nausée l’emporte sur l’émotion. L’exposition organisée par la ville autour des enfants juifs raflés en juillet 1942 par les autorités françaises puis déportés et enfin abattus en Allemagne lorsqu’ils n’étaient pas morts en route, nous dégoûte avant tout.
La photo prise au camp de Drancy et qui fait l’affiche de ces maudits événements est extraite d’un rapport à usage interne et elle est légendée en allemand. Une légende qui dit «Les juifs reçoivent du pain. On peut lire sur leur visage comment ils se sentent». L’idée était de faire entendre que ces jeunes internés étaient bien traités. Le tracé explicatif de l’exposition estime au passage qu’il leur a probablement été demandé de sourire. A bien regarder la photo, c’est loin d’être évident.
Edifiant parcours que ces témoignages sous forme de papiers administratifs, de lettres, et de photos plus consternantes les unes que les autres comme celle où l’on voit un parc à jeux urbain «réservé aux enfants» mais interdit «aux juifs». Difficile devant ces traces d’enfants en péril de ne pas avoir le regard qui chavire. Comment ne pas avoir aussi l’estomac qui se vrille face à cette douleur, ce désespoir, cette injustice concentrés.
Le poète Paul Eluard disait à propos des déportés, «si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons». Mais il y a précisément péril en la demeure puisque les journaux se sont fait l’écho d’un sondage selon lequel les jeunes générations ne situent pas dans l’histoire ce qu’a été le drame du Vélodrome d’hiver.
De surcroît, il n’est pas besoin d’être un historien agrégé pour comprendre que l’addition des éléments ayant abouti à un tel enchaînement d’épisodes calamiteux au milieu d’une catastrophe globale, ferait probablement le même total de nos jours. Le contexte fait que ces paramètres sont épars, latents ou apparemment inertes. Le regard de ces enfants nous force à être sur nos gardes.
Et puisque l’on parle de mémoire et d’addition, rappelons que 6100 enfants ont été arrêtés à Paris pendant la Shoah essentiellement par la police municipale. Sur les 11.000 déportés depuis la France, 200 en sont sortis vivants.
« C’étaient des enfants ». Jusqu’au 27 octobre à L’Hôtel de Ville
Ecoute, écoute Barbara, Perlimpinpin…
Pour qui, comment quand et pourquoi?
Contre qui? Comment? Contre quoi?
C´en est assez de vos violences. (…)
S´il faut absolument qu´on soit
Contre quelqu´un ou quelque chose,
Je suis pour le soleil couchant
En haut des collines désertes.
Je suis pour les forêts profondes,
Car un enfant qui pleure,
Qu´il soit de n´importe où,
Est un enfant qui pleure,
Car un enfant qui meurt
Au bout de vos fusils
Est un enfant qui meurt.
Que c´est abominable d´avoir à choisir
Entre deux innocences!
Que c´est abominable d´avoir pour ennemis
Les rires de l´enfance! (…)
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