Dans un désormais vieux film (1), Gérard Depardieu disait d’un plat que l’on venait de lui servir : « il n’y a pas de quoi écrire une thèse ». De nos jours ce serait peut-être pousser le bouchon un peu loin que d’écrire un mémoire sur « la Fontaine Gaillon » le restaurant du comédien, mais, l’affaire méritait bien une chronique car c’était bon.
Il paraît que l’on voit de temps en temps l’acteur attablé avec son cuisinier. Ce jour-là nous ne l’avons pas vu mais l’objectif était de surtout de déjeuner. L’accueil comme le service étaient des plus sympathiques avec un bon dosage de prévenance, de sérieux et de décontraction.
Nous avons choisi pour entrées, une assiette de jambon de Parme et un carpaccio de saumon. Le jambon de parme est arrivé modelé comme le rocher sacré Ayers Rock en Australie, sans aucune espèce d’accompagnement, dans son «brut». Mais ce jambon n’avait pas besoin de figurants. Tellement sa texture parfaite et son goût savoureux lui suffisaient. Le carpaccio de saumon était de son côté plus élaboré mais, là aussi, rien à dire pour ce modèle de fraîcheur et d’équilibre. Nous nous sommes donc sentis pleinement confiants pour la suite des événements d’autant que le décor intérieur, de bon goût, complète par le regard, un certain sentiment de tranquillité.
Cette suite c’était du colin avec l’équivalent d’un petit carquois de carottes. La présentation simplissime, comme pour le jambon de Parme, se justifiait par ce qui est quand même un préalable en cuisine : un bon produit, une bonne cuisson. Et pour les filets de rougets c’était pareil, ils avaient l’air tout juste sortis de l’eau, avec une sauce aussi légère qu’agréable, presque un jus, et une purée des plus goûteuses et sympathiques, une vraie purée de maman pour faire plaisir aux enfants.
A ce stade nous avions fini nos deux verres de vins. L’un s’appelait «l’Esprit de la fontaine», provenance Languedoc, et rien qu’à son nez on savait que nous allions bénéficier de toute une palette de nuances réjouissantes. Une belle réussite dont on ne pourra en revanche gratifier le verre de Pouilly Fumé que l’on aurait pu appeler le Pouilly fumeux tant il était difficile de départager ses arômes emmêlés. En langue de bois on dit parfois structure complexe.
Cette formule du midi à 45 euros en donne pour son argent. Les deux desserts intitulés sans chichis «fondant au chocolat» et «cheesecake», sont venus parfaire l’impression générale. Raffinés et légers, nous les avons engloutis sans qu’il en subsiste enfin, la moindre trace moléculaire dans l’assiette. C’est tout dire. Gérard Depardieu a su traiter ses commensaux.