Un autre regard sur Paris, une bouffée d’air frais venue du nord, l’Institut Néerlandais a organisé une exposition digne d’être signalée, dans ses sous-sols, autour des photos réalisées par une cinquantaine de photographes hollandais de 1900 à 1960. De celui qui s’était mis en tête de photographier 2000 femmes de Paris en 10 jours à des prises de vues anciennes aux tons délicats comme des pastels il y a là de quoi passer un bon moment au calme.
Il s’appelait Nico Jesse et n’était pas un photographe professionnel. Il était médecin et son temps était visiblement compté pour assouvir ses desseins. Son livre sorti en 1954 (Vrouwen van Parijs) mêle des étudiantes, mannequins, clochardes ou actrices. Deux mille femmes en 10 jours nous vante donc la brochure comme s’il s’agissait d’un record de l’heure dans la montée du Tourmalet. Il est l’un des artistes qui font tout l’attrait de cet album de photographes néerlandais que la maison du 121 rue de Lille a déployé sur 3 salles.
A côté des jolies vrouwen (un terme à adopter) plus ou moins célèbres puisque l’on y voit Juliette Gréco ou Brigitte Bardot, des artistes comme Orson wells, Mondrian ou encore Giacometti, l’exposition propose aussi des vues à dimension plus sociale comme un bal de 14 juillet, la pauvreté d’une autre époque à la Goutte d’Or, à Belleville, où des clichés à valeur documentaire comme ce bâtiment de «l’octroi» prix au Kremlin Bicêtre pendant sa destruction.
De la fraîcheur, une certaine gaieté et du charme voilà ce qu’il ressort de cette exposition avec une mention spéciale peut-être pour cette vue ancienne de l’église de la Madeleine où la lumière diffuse transforme ce tirage en œuvre peinte.
Il s’agit là d’un Paris mortel par opposition à immortel et cela à maints égards. Cela fait en autres choses un moment que les dérives du droit à l’image limitent de beaucoup ou prohibent tout simplement la publication de photos d’inconnus dans un ouvrage fût-il déclaré artistique.
En fait, c’est surtout le regard des autres qui compte ici. Parce qu’ils sont peu connus en France, parce qu’ils ne sont ni Doisneau, ni Cartier-Bresson, ni Depardon, tous ces photographes néerlandophones nous reposent par leur anonymat. Qualité qui rend, d’une certaine façon, leur talent plus abordable.
Après avoir lu votre commentaire, je me suis précipité à l’Institut néerlandais; c’est vrai que c’est une des plus belles expos de photos qui soit. Les courts-métrages muets sur le Ventre de Paris et sur l’étude du mouvement (1927 !) sont fascinants.
Merci de votre conseil! et à ceux qui ne l’ont pas vue, foncez! c’est jusqu’au 29 juillet 2012.
Merci Monsieur Mario. PHB
L’Institut néerlandais en danger. Le Ministère des Affaires étrangères ne reconduira pas sa subvention. Quelle erreur!
Une pétition circule :
http://www.institutneerlandais.com/actie/