En marge de l’indispensable exposition organisée autour de l’œuvre photographique de Stanley Kubrick à Bruxelles, il serait dommage de négliger la très intéressante rétrospective de Cas Oorthuys sur la décennie 1946/1956 de la capitale belge. Ce photographe néerlandais s’y est suffisamment attardé pour que le Musée de la Ville, situé sur la Grand Place, lui dégage un peu de place dans son grenier.
Les contrastes sont saisissants entre les clichés montrant une ville et ses habitants au sortir du cauchemar de la deuxième guerre mondiale et ce qu’il advint 10 ans plus tard du décor de cette cité, grâce au sursaut donné par ce que l’on a appelé les années glorieuses.
En 1956, le mot avenir avait un sens qu’il a perdu aujourd’hui. On croyait aux vaccins, à l’atome, aux avions, à l’espace, à la télévision et aux ordinateurs. Il y avait alors une soif phénoménale de modernité et de signaux libérateurs concrétisés par l’usage de la cigarette blonde, de machines à écrire modernes, de tourne-disques, de jeans, d’appareils photos ou de caméras compacts…Le cliché de cette femme prise au carrefour de l’Europe en train d’examiner la tenue de son make up, celui de ce couple chic sur la Grand Place, ce deux roues entrant dans un tunnel moderne ou encore ces deux hommes élégants attablés dans un bar «homo», sont emplis de cet oxygène libérateur que les poumons de la jeunesse européenne allaient cuber à plein régime.
Cas Oorthuys, auteur de 500.000 clichés tous conservés au Nederland Fotomuseum de Rotterdam a réalisé un travail journalistique des plus convaincants avec une qualité esthétisante appréciable. Cet homme né en 1908 (et disparu en 1975) a abandonné sa carrière d’architecte avec la crise des années trente. C’est à cette époque qu’il choisit le métier de photographe et singulièrement dans le domaine social. Son travail est caractérisé par l’usage d’un format 6×6 issu de son appareil Rolleiflex. Les tirages présentés seront vendus à la fin de l’exposition, le 31 décembre.
Post-scriptum : Il y a quelque chose de quand même bien agréable dans les rues de Bruxelles : c’est qu’à peine un piéton fait mine d’emprunter un passage clouté, les voitures s’arrêtent pour le laisser passer tranquillement. Quelle différence avec Paris où la majeure partie des véhicules, de la voiture au scooter en passant par le vélo et le camion, s’exaspèrent des piétons qui jouent les suicidaires en essayant bravement de faire valoir leurs droits.
Merci pour l’information et aussi merci pour la petite note. Bien sûr, Bruxelles la cosmopolite et l’européenne est aussi une capitale un peu plus… humaine que notre Paris, capitale des arts et du stress…