La pièce «Je ne serai pas au rendez-vous» présentée au Théâtre de Mathurins, est une fable gentiment optimiste sur le temps, celui qui passe trop vite, celui qu’on veut retenir, celui qui ne reviendra pas,celui qu’on ne veut pas voir venir. Chacun est chaque jour confronté à de multiples facettes de cet impitoyable sablier. C’est ce combat que nous content ici délicatement quatre comédiens sur scène (mention spéciale pour Nicolas Giraud en Lukas désorienté qui plaque tout).
Une déambulation à coups de «tout est possible pourvu que vous en fassiez le choix», de «je veux partir en me disant que tout cela a un sens» ou de «le bonheur a tendance à prendre de la place». La procrastination s’en donne à cœur joie. Un mal qui frappe les retardataires chroniques, ceux qui ont l’habitude remettre les choses au lendemain.
Oh là, soupirez-vous ! Quelle est donc cette galère ?! En réalité, la pièce ne dégage aucune prétention, dans le bon sens du terme, à savoir qu’elle nous promène modestement, sincèrement. En contrepartie à cette rêverie, le rythme ne s’emballe jamais, la pièce reste comme en rodage. La mise en scène pourtant est astucieuse, qui voit passer une séance de stroboscope ou quelques projections vidéo. Surtout, les décors, des cloisons pour l’essentiel, glissent docilement, permettant au metteur en scène de figurer de nombreux changements de lieux.
Le metteur en scène Ladislas Chollet a œuvré sur son propre texte, concocté avec Patricia Haute-Pottier. L’écriture, une toute nouvelle aventure pour ce jeune talent, qui déjà assure ne pas pouvoir «concevoir d’écrire un texte et de ne pas le mettre en scène». «Ce ne serait pour moi ne faire que la moitié du chemin» estime-t-il en tombant à nouveau dans le labyrinthe du temps. Gageons qu’il sera à l’heure au rendez-vous de sa prochaine pièce.