Retour aux fondamentaux. Avec la reprise au Théâtre Mouffetard jusqu’au 7 janvier du Jeu de l’Amour et du hasard, pièce de Marivaux qui se voit mise en scène par Xavier Lemaire. Quand des jeunes gens de condition du début du XVIIIe siècle se piquent de vouloir aimer avant de se marier, quelle histoire ! Le scénario tient la route depuis trois siècles, il se patine agréablement au gré des représentations, et ce moteur semble bien parti pour un bon moment encore.
Surtout, quel délice que de savourer cette langue … de Molière … servie ce soir-là à une foule de jeunes chevelus (on me souffle qu’il s’agit d’élèves de première) vite calmés puis emportés par la tempête. Il est vrai que la troupe ne ménage pas ses efforts dans cette version un rien boulevard. C’est-à-dire enlevée et fort distrayante, davantage que la version plus romantique dégustée il y a deux ans au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis. Chacun ici nous régale d’un bon numéro de comédie, au service d’une intrigue amoureuse à rebondissements. C’est charmant, voilà un sac de nœuds qui finalement se démêlent.
Tout cela dans un étrange lieu dont la salle au personnel gentiment débordé est une cave au fond d’une double arrière-cour perdue au beau milieu d’une rue Mouffetard qui mêle vaillamment odeurs de gras des cuisines du monde et jeunes étudiants de toutes nationalités, bienheureux clope au bec, sous la pluie. Paris est une fête, soit. Le Théâtre Mouffetard, donc, qui sera en janvier 2013 le lieu de résidence enfin permanent de l’épatant Théâtre de la Marionnette. De quoi traîner encore longtemps nos vieilles Clarks sur les pavés glissants de la rue Mouffetard.
La page de la pièce sur le site du Théâtre Mouffetard