C’est étonnamment grâce au musée du Quai Branly que nous disposons enfin d’informations supplémentaires sur un album de rock paru en en 1974, « Kimono my house ». Et cela bien que la couverture de cet album ne constitue qu’un point scénographique mineur de l’exposition en cours autour du kimono, vêtement phare de la culture japonaise. Ce disque magique, glamour, inspiré, étincelant, électrique en diable, était le fait du groupe Sparks, apparu en 1968 et essentiellement composé de Ron et Russell Mael. Lâchons enfin l’information, les deux dames figurant sur la pochette étaient Hirota Michi et Okamura Kuniko membres du groupe d’avant-garde japonais, Red Buddha Theater. Le moins que l’on puisse dire était qu’elles ne se tenaient pas correctement, participant en cela et en cohérence, au charme extravagant de l’album. Il y a donc eu quelqu’un au sein de ce musée pour intégrer cette couverture culte sur un parcours de bonne tenue, au même titre que le personnage de Ziggy Stardust, double de David Bowie (toujours en 1974), dont l’habit pour l’affiche avait été conçue en 1974 par un designer japonais (Kansai Yamamoto) s’inspirant également du kimono.
Mais encore une fois ces références au rock et plus particulièrement au glam-rock, sont marginales au milieu des deux cents pièces présentées. Il faut bien dire que l’aventure du kimono, la « chose que l’on porte sur soi » littéralement, remonte à l’époque Edo (1603-1868), nom de l’actuelle capitale Tokyo. C’est au début du 18e siècle, nous est-il expliqué, que le kimono fit partie, d’une culture « bouillonnante entremêlant divertissement, amour et érotisme », résumé par le mot ukiyo soit le fameux « monde flottant ».
Cette exposition nous fait comprendre dans quelle mesure le kimono symbolise le Japon et aussi à quel point il a séduit le monde occidental, jusqu’à influencer nos plus brillants couturiers contemporains. Le vêtement est ici décliné de façon chronologique et selon ses usages, avec son indispensable ceinture (obi) ornée d’un nœud élaboré (au dos), le plus souvent en forme de fleur ou de papillon. Il est porté aussi bien par les femmes que les hommes et les enfants. Les courtisanes ont leur propre genre avec des dominantes rouges. L’élégance était une constante malgré les lois somptuaires qui, durant le shogunat et jusqu’au 19e siècle, visaient à restreindre toute présentation ostentatoire.
L’un des aspects séduisants de l’exposition est de nous raconter des histoires autour de chaque modèle. On découvre par exemple un manteau et fond de robe inspiré du kimono, conçu par Lucile, de son vrai nom Lucy Duff-Gordon (1863-1935). L’ensemble ne manque pas de charme malgré son style suranné mais, ce qui fait le piquant et la motivation de l’affaire, c’est que Lucile a non seulement survécu au naufrage (1912) du Titanic mais elle aurait surtout été récupérée par les sauveteurs, vêtue d’un manteau en fourrure d’écureuil recouvrant… un kimono de soie mauve. Impossible de faire plus smart. La notice ne mentionne pas si la couturière tenait encore haut sa coupe de champagne à la main afin qu’elle ne se mélangeât point avec l’écume salée.
Voilà pourquoi cette proposition du Quai Branly n’est pas ennuyeuse. L’on s’y distrait, admirant ici un genre de smoking pareillement inspiré de la culture japonaise et là ces petits objets usuels (comme des sacs à tabac) que l’on accrochait à sa ceinture car les kimonos semble-t-il n’avaient pas de poches. C’est moralement chaussés de geta, chaussures comparables à des tongs, que nous nous laissons docilement guider par ce cheminement instructif, mais au demeurant assez reposant pour les méninges. L’étonnement reste constamment au rendez-vous et la délicatesse des tissus, motifs et couleurs, sait nous choyer les sens.
Y compris du reste face à l’époque moderne qui clôt l’affaire. Comme ce kimono tout à fait récent signé Sudo Reiko (1953-) mais s’inspirant des années trente avec son tissu teint au pochoir. On constatera que les époques n’ont rien changé à cette constante faisant que le kimono inspire sans discontinuité les artistes comme les designers et les couturiers. Quitte à en profaner quelque peu la pudeur fondamentale, comme John Galliano a pu le faire en le raccourcissant à outrance et en prévoyant pour les jambes une paire de bas tenus par des jarretelles.
Néanmoins c’est l’élégance qui prédomine ici. Impossible de ne pas songer à notre propre univers textile où le survêtement informe, sweat et capuche, borne singulièrement toute ambition esthétique. Dans « Les paradis perdus », le chanteur Christophe errant on le rappelle dans « sa veste de soie rose », déambulant « morose » comme un « dandy maudit ». Évoquant ce faisant un luxe qui s’effondrait. C’était en 1973 et il ne croyait pas si bien prophétiser.
PHB
Exposition « Kimono » Musée du Quai Branly, Paris, jusqu’au 28 mai 2023
Welcome back to Les soirées de Paris! Voilà la nouvelle réjouissante pour commencer la journée, la semaine, voire l’année… et en plus avec cette exposition qui est une splendeur, merci beaucoup !
Merci de ce retour très très bienvenu de nos Soirées de Paris avec ce 1er papier étincelant. Tu nous as manqué. Bonne année à toi et toute l’équipe. Martine
Ravie du retour des Soirées de Paris! Et de nous donner envie de se rendre au musée du quai Branly
Comme le soleil, les Soirées de Paris reviennent par l’Orient. Heureux présage pour cette nouvelle année !
Heureux de vous retrouver. Merci!
La meilleure bonne résolution de l’année que ce retour, merci Philippe !
Bonjour, ravi de vous retrouver.
J’ai changé d’adresse mail. Je mentionne dans la suite du formulaire la nouvelle adresse. merci d’en prendre bonne note.
Au plaisir
Merci
l’année commence bien
Welcome back to Les soirées de Paris !
Chouette ! Les Soirées de Paris sont de retour !
Bonne année à tous et à chacun.
Bonne année et longue vie aux Soirées. Merci @PhillipeBonnet.
Heureuse de ce retour ! Vous nous avez manqué M.Bonnet ! Nous vous souhaitons une belle année et vous remercions pour cette entrée en matière enthousiasmante avec l’expo Kimonos du Qauai Branly;
Content de vous retrouver, et Bonne année à toute l’équipe!