Seul en scène, Mark se souvient avec sa guitare d’un air mexicain relatant la métamorphose de la chenille en papillon. Ce papillon qui sans attendre prétend voler sans bien savoir où il met les ailes. Voler un peu trop loin, jusqu’à cet «autre côté de la lune» qui donne son nom au spectacle présenté actuellement (mais si brièvement) au Théâtre du Châtelet.
«Cruzar la cara de la luna» ne serait rien de moins que le tout premier opéra mariachi, créé en novembre dernier au cœur de cet «autre côté» que sont les Etats-Unis, plus précisément au Houston Grand Opera. Au Texas, donc, cet eldorado des travailleurs mexicains qui se voient contraints de quitter leur famille et leur terre pour l’espoir d’une vie meilleure.
Mark Velasquez, l’homme au papillon, vit désormais aux Etats-Unis, sa fille y est née. Mais y sont-ils chez eux ? C’est ce déchirement, familial et universel, que nous conte le spectacle, à coups d’allers-retours dans le temps et de sauts de chaque côté de la frontière. Le spectacle allie la musique populaire mexicaine de l’orchestre centenaire Mariachi Vargas de Tecalitlan, les chants lyriques et les dialogues en espagnol et en anglais. Pardon, en mexicain et en américain.
Et c’est réussi, dans la pure veine du spectacle populaire exigeant qu’entend proposer le Châtelet («se divertir tout en abordant des thèmes graves et profonds» en l’occurrence selon le maître des lieux Jean-Luc Choplin), pas même folklo à souhait, mélancolique certes mais soutenu par un grand bol d’air frais servi par les traditionnels trompettes, violons et guitares (et une harpe). Le tout dans la plus belle salle de Paris.