Jusqu’au 16 septembre, la Whitechapel Gallery offre une rétrospective majeure de l’oeuvre du photographe allemand Thomas Struth. La curiosité perpétuelle de l’artiste entraîne le visiteur dans un voyage photographique grandiose où l’infiniment petit devient infiniment grand…
Une fois la porte de la Whitechapel Gallery franchie, ce sont des badauds qui vous attendent. Des visiteurs comme vous. Mais ils ne sont pas en chair et en os. Ils sont figés sur les immenses tirages de Thomas Struth, figés en pleine admiration des lieux, qu’ils soient au coeur du Panthéon à Rome ou au Yosemite Park aux Etats-Unis. Le photographe a su les prendre au dépourvu et à travers leurs regards et leurs attitudes admiratifs, ajouter une nouvelle dimension à la majesté et la beauté de lieux. La taille «humaine» des images ne fait qu’accentuer cette sensation majestueuse.
Puis on se trouve nez à nez avec des gros plans de câbles de toutes les couleurs, d’intérieur de laboratoires, comme si Thomas Struth voulait nous entraîner au coeur des structures de la matière, de sa création, de sa transformation et de son évolution : l’image géante de la réparation d’une navette spatiale à Cap Canaveral en dit long sur l’acharnement de l’homme à construire, conquérir et toujours vouloir aller plus loin.
Au premier étage de la Whitechapel Gallery, la magie continue : nous ne sommes plus au centre de la matière, ni dans l’observation de bonshommes qui ne nous regardent pas. Ce sont des familles entières, des quatre coins du monde, des générations d’inconnus qui nous imprègnent de leurs regards. Car telle était la règle fixée par Thomas Struth : il a demandé à des familles qu’il connaissait si elles voulaient bien poser pour lui dans l’endroit de leur choix et avec une seule règle commune : que chaque membre regarde droit dans l’objectif. La salle des portraits nous enveloppe d’une belle sensation d’humanité.
Et c’est sur une note de paradis que l’on quitte l’univers de Thomas Struth : des images de jungles surchargées de végétation, un univers sombre, humide et peu engageant qui ne laisse aucune place à l’humain. Une étrange notion du paradis, en contraste avec les paysages en noir et blanc, gris et urbains, sans âme qui vive, que Thomas Struth a pris au début de sa carrière. On sent un photographe hanté par une perpétuelle curiosité qui, on l’espère, n’a pas fini d’explorer…
Thomas Struth à la Whitechapel Gallery jusqu’au 16 septembre