Il y a des lieux qui sont indissociables de certains peintres. Comme Giverny pour Claude Monet. Ou Nice pour Henri Matisse. S’agissant de Pierre Bonnard, c’est le Cannet, qui domine la baie de Cannes. L’artiste y séjourna à de nombreuses reprises avant d’adopter l’endroit définitivement. En 1926, il y acheta en effet la villa Le Bosquet, où il passa plus de vingt ans, s’inspirant pour ses tableaux de ce qui l’entourait à l’intérieur comme à l’extérieur.
En tout, Pierre Bonnard va réaliser plus de trois cents œuvres au Cannet. Soixante quatre ans après sa mort, la ville lui consacre un musée, le premier musée qui lui soit dédié.
Inauguré le 25 juin, sa première exposition met à l’honneur… le Cannet, insistant sur le rôle crucial joué par ce lieu dans la vie et l’œuvre de Pierre Bonnard. Le thème n’est toutefois pas restrictif et sert aussi de prétexte pour explorer les relations entre le peintre et la Méditerranée.
Car comme d’autres artistes, la découverte du Midi pour Pierre Bonnard prend des allures de révélation. « J’ai eu un coup des Mille et Une nuits. La mer, les murs jaunes, les reflets aussi colorés que les lumières », écrira-t-il à sa mère. C’est en 1904 que l’artiste, natif de Fontenay-aux-Roses dans les Hauts de Seine effectue son premier voyage dans le Sud Est de la France. Il séjourne alors à Saint-Tropez chez ses amis Edouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel. Par la suite, il ne cessera de revenir dans le Midi jusqu’à son installation. Cette étape importante de la vie et de l’œuvre de Bonnard est présentée dans le premier des quatre chapitres de l’exposition. Comme le peintre devant les paysages de la Méditerranée qu’il voit pour la première fois, nous sommes étourdis par les lumières et les couleurs de ses tableaux.
Le deuxième chapitre tourne autour des nus, natures mortes et intérieurs réalisés dans la villa du Bosquet, comme La Salle à manger au Cannet. La maison lui fournit le sujet de nombreuses compositions. Ce lieu, qui appartient encore aux héritiers du peintre, n’est pas accessible au public. Mais il est tout de même possible de le « visiter » par le biais d’un film présenté au musée où l’on retrouve avec émotion certains détails qui figurent sur les toiles.
Dans un troisième chapitre, on renoue avec les paysages, cette fois correspondant à la période du Cannet.
Enfin, la dernière salle présente les œuvres ultimes de Pierre Bonnard, qui permettent de saisir les paradoxes du peintre. Les paysages gais et colorés côtoient en effet des autoportraits sombres et inquiets.
Cette exposition prend fin le 25 septembre, date à laquelle les tableaux venant de divers musées de France et d’ailleurs ainsi que de collections particulières retourneront d’où ils viennent. Si vous vous échappez un week-end sur la Côte d’Azur pour profiter des derniers jours de l’été, faites donc une petite place à Pierre Bonnard. Sinon, vous pourrez toujours vous rattraper, plus tard, avec la collection permanente du musée qui sera installée à partir du mois d’octobre.
Bonnard et le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée
26 juin-25 septembre 2011/16 bd Sadi Carnot/06110 LE CANNET/Tél. 04.93.94.06.06
Est-ce un effet de la photo, de son angle, de la lumière trop vive déployée par nos appareils modernes ? Combien il semblerait plus doux de fréquenter l’hôtel Saint-Vianney, son balcon, ses ombres et sa pierre, et son calvaire, que de se heurter aux angles et aux grilles du musée de ce jour, pourtant honnêtement restauré…
Point de vue partagé cher ami lecteur. PHB
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