… ainsi que la nommait Apollinaire dans « Zone », l’un de ses plus fameux poèmes. La réouverture du « i » pour le moins majuscule de Paris, est prévue pour le 16 décembre. La tour fait l’objet d’une double actualité puisque le premier décembre, un tronçon de l’un de ses escaliers d’origine, s’est arraché un peu plus de 300.000 euros aux enchères, frais compris. Pourvu que son acheteur dispose d’une hauteur sous plafond suffisante, son bel aspect hélicoïdal et ses quatorze marches raviront le regard de ses visiteurs.Vue de la cour du Musée d’Art moderne (ci-contre), elle présente toujours bien. Sa présence rassure, c’est le meilleur des points de repère et l’on peut se dire que tant qu’elle est là, campée sur ses larges pieds, c’est que rien de vraiment grave n’est encore arrivé.
Mais il est vrai qu’il vaut mieux l’admirer de loin. Le large système de sécurité qui l’entoure avec sa palissade de verre et ses tourniquets, a non seulement lourdement enlaidi le périmètre mais il empêche le badaud d’y faire son métier de badaud. Les Parisiens sont fort peu nombreux à vouloir y grimper (2%) mais ils ont toujours aimé passer dessous ou à proximité. Elle a beau être leur affaire, puisqu’elle appartient à la mairie, ils ne peuvent que la toiser de loin. Et encore, vu l’état de chantier actuel du Champ de Mars avec la construction en bout de piste du soi-disant « éphémère » Grand Palais, les points de vue se raréfient.
La tour est surtout devenue un beau tiroir-caisse. Non seulement parce qu’elle fait venir les touristes étrangers (80% des visiteurs) mais aussi parce qu’elle permet d’abonder les caisses trouées (par la dette) de la mairie. Une bonne affaire au point qu’au début de l’année 2019, le directeur de la société d’exploitation avouait dans les colonnes du Parisien que son ambition était de doubler un chiffre d’affaires déjà coquet, en multipliant notamment les produits dérivés. Autant dire que l’intervention surprise du coronavirus en 2020 a pour le moins douché ses ambitions. La devise de la ville étant de flotter mais de ne pas couler (fluctuat nec mergitur), il n’y a plus qu’à attendre les cohortes de touristes internationaux dès que le beau temps sanitaire sera revenu, c’est à dire pas dans l’immédiat.
En tout cas ce monument ne fait plus vraiment débat comme au temps de son érection. Elle a inspiré nombre d’artistes comme Fernand Léger ou encore Apollinaire qui en a fait un de ses Calligrammes, en plus de la citer dans son recueil « Alcools ». Le plus amusant néanmoins dans la liste des anecdotes, est sans conteste le dénommé Victor Lustig qui réussit à la vendre à la ferraille dans les années vingt sur fond de rumeurs de démolition. C’est à Alcatraz, la fameuse prison américaine, qu’il achèvera sa carrière d’escroc.
Depuis quelques années la tour sert de moyen de communication à la mairie de Paris pour exprimer, du moins le croit-elle, le sentiment des Parisiens à l’égard de différents événements. On l’illumine au choix pour se réjouir, pour des célébrations à caractère variable ou encore afin de porter le deuil et dans ce cas-là on l’éteint, comme pour la disparition de Jacques Chirac.
Enfin elle va donc rouvrir comme le zoo de Vincennes à la même date. Dans les deux cas c’est pour le cash (ci-contre pour son centenaire en 1989) et d’ici son retour à meilleure fortune ce qui est bien le cas de le dire, on désinfecte les caisses, on polit les guichets et on sort les jauges destinées à endiguer les foules. S’il est un mot du reste que le virus a sorti de l’oubli, c’est bien la « jauge » dont nos aïeux se servaient pour sonder le réservoir de leur Citroën bicylindre. Pour la narine, c’est l’écouvillon, nom également donné autrefois à l’ustensile qui servait à nettoyer les canons.
PHB
Les canons , les bouteilles et…les biberons!
Ah la vieille dame de fer ! Elle en a vécu des choses depuis ses débuts… et n’oublions pas le rôle qu’elle joua dans l’histoire de la radio sans qui elle ne serait plus là… ! https://www.youtube.com/watch?v=INoB2IxUC6g