Selon une vision exprimée de Serge Trigano, les petites villes concentrent l’énergie en leur centre tandis que l’inverse se produit en périphérie pour les grandes villes. Son précepte se vérifie actuellement dans les grandes largeurs, entre Paris, Porte de Versailles et Porte de la Plaine. Nous sommes aux frontières Sud Ouest de la ville, entre le 15ème arrondissement, Vanves et Issy les Moulineaux. Là se trouve le Parc des Expositions : 7 pavillons soit 216 000 m2 de halls qui accueillent la Foire de Paris et toutes sortes de salons et de foires, un genre d’exposition universelle permanente. Avant, le Parc, c’était la zone, le règne du béton, un espace urbain délaissé, une sorte de friche urbaine qui végétait entre les salons.
C’était avant 2015 car depuis, derrière les palissades, l’endroit est livré au va et vient des bétonneuses et des engins de chantier qui ont investi le site. le Parc est en travaux, des travaux qui vont durer 10 ans et seront terminés à l’horizon 2024 pour l’organisation de deux épreuves sportives des jeux Olympiques. Soit un programme gigantesque de 500 millions d’euros d’investissement privé.
Aux commandes, Viparis, une filiale de la chambre de commerce et d’industrie de Paris île de France et du groupe Unibail Rodamco Westfield. Aux manettes, les architectes Valode et Pistre, auteurs du schéma directeur du Parc qui ont invité à s’exprimer sur le site la fine fleur de l’architecture contemporaine française : Dominique Perrault pour la façade du pavillon 1 et Christian de Portzamparc pour celles des pavillons 2 et 3.
Avec l’inauguration du Pavillon 6, soit la deuxième phase du projet, les travaux prennent une toute autre dimension avec le parti pris d’ouverture du Parc sur la ville dans le but de créer un nouveau quartier, un parti pris qui intéresse au plus haut chef les parisiens et habitants du quartier : les concepteurs ont en effet choisi de gommer la frontière entre le Parc et la Ville et ont pour cela déployé les grands moyens : Jean Nouvel a conçu ce qui est à la fois l’auvent et l’emblème du nouveau pavillon 6 soit un signal géant, support de journaux lumineux (image d’ouverture) et bientôt d’art numérique : celui ci présente une forêt suspendue de pendillons verticaux dotés chacun d’un écran led soit un total de 709 m2 d’écrans led et plus de 300 tonnes d’acier. Très impressionnant. Le pavillon 6 lui même a été entièrement reconstruit à partir des anciens pavillons 6 et 8 détruits.
La tête de pont du nouveau quartier: les 2 hôtels jumeaux l’un blanc, l’autre noir : le Mama Shelter Paris West et le dernier né et nouvelle vitrine de la chaîne Novotel, signés tous deux Jean Michel Wilmotte. 207 et 245 chambres avec chacun leur terrasse végétalisée en toiture. Une démarche qui s’appuie sur la fréquentation des visiteurs des salons pour proposer une offre d’hôtellerie sur place.
Ces deux équipements hôteliers sont aussi destinés à séduire et attirer les parisiens. Pour cela les concepteurs s’appuient à la fois sur les espaces de bars et de restauration, sur la végétalisation de l’ensemble et sur des interventions d’artistes : parmi les offres de restauration il faut compter avec les immenses bars et restaurants des hôtels (Guy Savoy au Mama Shelter sur 455 m2) et sur le toit du pavillon 6, le « roof top » qui sera géré par l’enseigne Le Perchoir et pourra accueillir environ 300 personnes.
Toujours en toiture du pavillon 6 et à vingt mètres au dessus du sol, dans l’immense ferme urbaine de 14 000m2, plus d’un millier de fruits et légumes d’une trentaine d’espèces différentes seront cultivés par une vingtaine de maraîchers. Au total, plus de 600 tonnes seront produites par an. Ce qui permettra de nourrir un millier de personnes chaque année. Ouverture prévue au printemps prochain. Et pour compléter le travail de végétalisation 135 carrés de culture partagée seront proposés en location aux parisiens. De plus un gros programme de plantations va commencer comptant 72 000 m2 d’espaces verts et une ceinture végétale de 1,7 km de long. C’est l’agence Saguez et Partners qui a imaginé des promenades végétalisées avec nichoirs, hôtels à insectes et ruches.
Enfin, entre les 2 hôtels, l’artiste Arne Quinze a créé une fleur de métal colorée haute de 11,50 mètres « The beautiful dreamer ».
On ne répétera jamais assez l’importance d’équipements commerciaux, sportifs ou culturels structurants pour dynamiser ou renouveler un quartier ou une ville. Le moins que l’on puisse dire c’est que les aménageurs de Viparis ont mis le paquet. Rendez vous dès l’année prochaine pour la dernière phase des travaux et le début de la construction de la tour Triangle. Puis en 2024 pour la livraison de la dernière phase et l’ouverture des jeux Olympiques. Il est finalement permis d’approuver qu’un peu de vie supplémentaire vienne animer ce quartier d’ordinaire très (trop) tranquille.
Marie-Pierre Sensey
Je crains bien, chère Marie-Pierre,
que vous ne soyez tombée à pieds joints dans la propagande des promoteurs.
Vous reproduisez tel quel leur projet, esquisses y compris, alors qu’on sait fort bien que leur seul but est ici (comme ailleurs hélas) de faire de l’argent sous de faux prétextes écologiques et autres.
Vous ne semblez pas savoir que les associations de défense de l’environnement parisiennes se battent depuis des années contre ce projet et la fameuse-fumeuse tour Triangle en particulier.
Je vous invite amicalement à consulter ce site:
http://www.contrelatourtriangle.com/
et à vous méfier à l’avenir de la propagande des promoteurs…
Chère Marie-Pierre, vous avez écrit un « vrai » article ou fait un faux publi-reportage pour le Paris inhumain de demain ?
On se croirait dans Play Time… Sans Tati et avec toutes les saloperies néo-modernes les plus grotesques et en english dans le texte (« The beautiful dreamer » !!!!!!)
Franchement, ça ne donne pas envie de rester dans ce Paris sans âme. On comprend pourquoi nos chers élus ont voulu les JO après avoir agrandi Roland Garros et permis à MM Arnaud et Pinaut d’installer ici et là leurs collections d’art…
Merci pour cet article informatif qui me donne envie d’aller renifler ce quartier où je ne mets jamais ma roue de bicyclette !
Le gros problème engendré par ces restructurations, c’est que tous ces « nouveaux » quartiers de ville se ressemblent. Que vous soyez à Hambourg, à Londres ou ailleurs..
Mêmes architectures, et mêmes « folies », et pas d’âme …
et les insectes me font peur ….
Je ne sais pas à quoi ressemblera le résultat final, et je ne doute pas qu’il y aura autant de gens pour s’en plaindre que pour s’en réjouir, mais ça ne pourra de toute façon pas être pire que ce que donne à voir la Porte de Versailles aujourd’hui…
Plus que blanc ou noir, le monde est en nuances de gris. Et celui de la promotion immobilière ne fait pas exception. Il est maintenant fréquent que des projets englobent des quartiers entiers (Issy Cœur de Ville à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau ou le nouveau des Batignolles). Sur ce dernier par exemple, l’immeuble Java a été livré sans système de climatisation énergivore et très polluante. Axa, usager exigeant qui l’a pris à bail à d’ailleurs passé l’été bien au frais, ce qui constitue une avancée écologique considérable.
Enfin, ne pas oublier qu’à l’instar des véhicules récents, les bâtiments nouvellement construits ont des bilans énergiques bien plus en adéquation avec les enjeux climatiques.
Habitant Vanves je rejoins Marie, ça ne pourra être pire qu’aujourd’hui… quant à l’âme, elle dépendra de celle qu’on voudra bien lui insuffler et force est de constater que le premier réflexe « c’était mieux avant » s’édulcore, voir s’inverse souvent avec le temps (Les tontons flingueurs en est un parfait exemple).
Je confesse toutefois ne pas être convaincu par la tour Triangle dont l’intégration dans le paysage me laisse aussi pour le moins songeur…
PS : Arnault et Pinault possèdent aussi leur part d’ombres et d’appétit pour le numéraire, mais est-il possible d’arriver où ils sont en demeurant une oie blanche ? Vaste question philosophique s’il en est En tout cas mettre l’art à disposition de tous (ou presque) est à mon sens une bonne chose (d’ailleurs certains promoteurs comme Emerige l’ont intégré à leur démarche en corrélation avec des actions sociales, peut-être pas parfaites mais qui ont le mérite d’exister).