Le film «La conquête» inspire le même commentaire que celui tiré de la lecture du livre de FOG : on n’y apprend rien. Il faut dire que pléthore de livres ont déjà été écrits sur Nicolas Sarkozy et sur son ex-épouse Cécilia, co-héroïne du long métrage de Durringer. On déplorera, dans ce film, que le réalisateur se soit contenté de mettre en mouvement une série de photos cultes imprimées dans nos rétines : le jogging de Nicolas Sarkozy entouré de ses gardes du corps, le petit déjeuner à La Baule où Nicolas -souffrant et bougon- attend que Dominique -musclé et bronzé- veuille bien sortir des flots, le visage défait de Cécilia le jour de la victoire en mai 2007, une Cécilia vêtue du même pull gris que celui passé à la hâte ce jour là…
Côté accessoires clinquants, rien ne manque : les Ray-ban et la Rolex (pour le vrai-faux Nicolas), la ceinture Hermès avec un grand H (pour le sosie de Cécilia). S’il en a adopté la démarche et les (mauvaises) manières, Denis Podalydès n’a pas le front ruisselant et évite l’habituel haussement d’épaules du Président. Mais la démarche est bien restituée.
Côté dialogues, on regrette le même manque d’imagination (dommage, puisqu’on nous a prévenus qu’il s’agissait d’une fiction…). De «la France qui se lève tôt» au «croc du boucher», il ne manque rien des petites phrases et formules livrées à la presse par les journalistes accrédités à l’Elysée. Le réalisateur a par ailleurs craint de donner un prénom à la jeune femme ayant assuré «l’intérim» de Cécilia durant ses absences, celle-ci figurant au générique comme… «la journaliste blonde» !
Deux images amusantes toutefois dans ce film présenté à Cannes : quand Henri Guaino, en extase, se récite le discours qu’il vient d’écrire pour le chef de l’Etat ; et quand Dominique de Villepin se dessine en Apollon pour aider son rival cherchant ses mots pour le décrire. La vanité de l’homo politicus en est doublement illustrée. Autre clin d’œil du réalisateur : confier à Dominique Besnehard, qui joue l’un des conseillers de Sarkozy, le soin d’imiter Ségolène Royal aux fins de préparer le candidat au dernier débat précédant le 2e tour du scrutin. Un Besnehard qui a assisté Ségolène Royal lors de sa campagne en 2007 et qui s’affiche pourtant radieux de jouer un rôle de fait schizophrénique devant la caméra. Au final, que le chef de l’Etat se rassure : dans ce film -comme dans le livre de FOG- il apparaît moins détestable que prévu. Roublard oui, rarement poli aussi, mais cela ne crée pas une surprise.
C’est vrai que le film ne contient pas de révélations mais c’est du cinéma. Alors que le livre de Franz-Olivier Giesbert (FOG) est un livre de journaliste et donc susceptible de contenir des informations. Dans le premier cas, le talent ébouriffant de Denis Podalydès comble largement cette lacune alors que dans le livre de FOG sa plume et son métier pourtant incontestables ne suffisent pas.