Les œuvres de Richard Prince sont loin d’être données et pour cause, l’artiste bénéficie de l’ombre tutélaire du galeriste et collectionneur Larry Gagosian lequel, comme disait Gabin dans «Le cave se rebiffe», n’a pas l’habitude «d’apporter son concours dans des fêtes de charité».
Il n’empêche, si vous faites un petit tour à l’exposition que lui offre très généreusement la BNF (juste à côté de celle dédiée à Gallimard ce qui provoque une sensible variation d’atmosphère), vous en ressortirez peut-être avec l’idée que se faire pour soi-même du Richard Prince est à la portée de votre porte-monnaie. Les Soirées de Paris ayant annoncé «l’événement» très à l’avance, il était juste qu’on aille y faire un petit tour.
Comment dire, l’idée que la production de Richard Prince n’est pas géniale au sens premier du mot, saute aux yeux. En revanche il est tout à fait loisible d’affirmer que son sens de l’appropriation du travail d’autrui, son détournement, sa mise en valeur, sa grande cohérence, relèvent d’un talent indéniable, adroit, inspiré et pour tout dire souvent plaisant. C’est peut-être le contre effet de l’exposition Gallimard, mais ce qui est certain, c’est qu’évoluer au milieu de la disposition particulièrement bien pensée (pour éviter de parler de scénographie car la saturation est proche) des œuvres et des collections de livres de Richard Prince a quelque chose de délivrant et amène le sourire sur le visage des visiteurs voire un peu de couleur aux joues face aux couvertures un peu gaillardes des romans policiers bons marché.
Richard Prince a détecté de la sève toujours en circulation à travers ces «nurses» des années cinquante omniprésentes. Et il a raison : si c’est bas de gamme, une émotion passe et c’était bien le but car il fallait vendre. Tout son talent est d’avoir identifié sélectionné et mis en scène une imagerie a priori bonne pour la benne.
La BNF l’a d’ailleurs mis à contribution en lui demandant de choisir parmi les collections de la bibliothèque 40 livres appartenant à la littérature et à l’édition pornographique. Ils sont dans ce cas estampillés BNF ce qui permet -et c’est nécessaire- de les distinguer des œuvres de Richard Prince.
Post-scriptum : voici en cadeau une production les Soirées de Paris inspirée de RP.
(Extrait du Livre) Pour chasser son cafard, elle se dirigea vers le secrétaire, prit un verre et une bouteille de « White Horse » et se servit une bonne rasade, qu’elle avala d’un trait. Cela la fit frissonner légèrement mais lui remonta le moral. Puis elle traversa la pièce, entra dans la salle de bains et s’administra une douche froide. Là-dessus elle enfila une robe du soir en lamé d’or et chaussa des souliers dorés avec des hauts talons qui lui seyaient à merveille. Après quoi, elle jeta sur ses épaules une longue cape de velours noir retenue au cou par une chaîne d’or et sortit.
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