Bushmills ? Le nom de ce village de 1500 habitants, perdu tout au nord de l’Irlande du Nord, ne vous dit sans doute rien… à moins que vous ne soyez amateur de bon whisky. Bushmills abrite en effet la plus ancienne distillerie officielle de whisky, la première au monde à obtenir une licence royale en 1608.
Depuis cette date, elle a toujours été en service, se sentant peut-être redevable de cet honneur. Aujourd’hui, « Old Bushmills » est même la seule survivante des cinq distilleries d’Irlande du nord licenciées au XVIIIe siècle. Sa visite, très prisée, se fait par petits groupes. Le circuit d’une heure suit les étapes de la fabrication du whisky (séchage de l’orge, brassage, fermentation, distillation, vieillissement, mise en bouteille) dans les différents bâtiments du site. Au passage, le visiteur est encouragé à fourrer son nez dans les tonneaux de Bourbon, Xérès et Porto pour humer les bois qui donneront son arôme au whisky pendant son vieillissement. Grâce à un tonneau témoin, il est aussi invité à visualiser « la part des anges », une métaphore céleste pour évoquer la portion d’alcool qui se volatilise pendant la distillation. La visite se termine par la dégustation de crus dans une immense cave.
Bushmills (les moulins sur la rivière) tire son nom de la rivière Bush, autrefois parsemée de moulins. Et si les distilleries ont fait le succès de Bushmills au XVIIIe siècle, la ville a prospéré au XIXe siècle grâce au développement du site touristique de Causeway Bay (à 3 kilomètres) et à l’activité hydraulique produite par la puissante rivière Bush. Car Bushmills a été pionnier planétaire dans un autre domaine : c’est là qu’a été créé le premier système de chemin de fer hydraulique du monde grâce aux stations hydrauliques créées sur la rivière. Le train reliait Portrush, station balnéaire facilement accessible de Belfast, à Giant’s Causeway Bay (la Chaussée des géants).
Ce site de bord de mer aux rochers en forme d’orgues démesurées est une merveille géologique, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Il a commencé à attirer des touristes dès le XIXe siècle. C’est une activité volcanique intense qui a, il y a des millions d’années, sculpté les falaises en 40 000 gigantesques colonnes de basalte qui ressemblent à de monumentales orgues dorées. Avec la création du chemin de fer hydraulique, les vacanciers ont préféré séjourner à Portrush, relié directement à Belfast, boudant Bushmills et ses hôtels. Lorsque la vapeur puis l’électricité ont remplacé l’énergie hydraulique, les moulins à eau ont été abandonnés et Bushmills a définitivement décliné. On ne s’y arrête plus que pour la distillerie.
De Causeway Bay, une marche de 8 kms mène à Ballintoy, un petit bout du monde paisible. Là, un port minuscule avec quelques bateaux de pêche et une belle plage de sable, entourée de collines vertes, constitue une exquise surprise. Cette promenade n’est qu’un tronçon du sentier côtier de 120 miles qui longe la route panoramique Causeway Costal Road. Il permet de parcourir à pied toute la pointe de l’Ulster de Benone (à 20 miles de Londonderry) jusqu’à Whiteabbey, proche de Belfast. Un must walk d’une grande beauté sauvage mêlant plages étendues, petits ports assoupis et collines bucoliques. Et tant pis pour la pluie que l’on ne manque pas un jour ou l’autre de croiser en chemin. La bruine ajoute à l’enchantement provoqué par ces féériques paysages irlandais.
Lottie Brickert
Y aller : Bushmills (Comté d’Antrim, Irlande du Nord, Royaume-Uni) est situé à 95 kms au nord-ouest de Belfast. La chaussée des Géants (Causeway Bay) se trouve à 3 kms de Bushmills.
Cela donne envie. Juste une petite chose, le « whisky » irlandais s’écrit – et se dit- whiskey. Les locaux y tiennent pas mal 🙂
Oui, c’est exact ! Mais la « l’apparition perecquienne » leur tient elle tellement à coeur ? … sans doute pas tant qu’on ne leur enlève pas la paternité de la première licence officielle !