Pas moyen en sortant de la salle de regarder sans suspicion son smartphone. Difficile en rentrant chez soi de ne pas prélever un pansement dans la trousse à pharmacie et de le coller sur le viseur optique de l’ordinateur. Tout le problème de « Snowden », le film d’Oliver Stone, est qu’il est pour le moins convaincant.
Les Etats Unis n’ont pas vraiment apprécié qu’un de leurs meilleurs agents de renseignement, spécialiste hors-norme des réseaux informatiques, prenne la fuite pour expliquer au monde entier le très haut niveau de surveillance de n’importe qui à commencer par les Américains. Au point, et c’est l’un des détails sidérants de l’affaire, qu’ils obtiendront la fermeture de l’espace aérien de plusieurs pays européens au motif, le croyaient-ils, de ne pas laisser partir le fugitif de Russie dans l’avion officiel du président bolivien Evo Morales. Bloquer le voyage d’un chef d’Etat sur la simple hypothèse qu’un voyageur clandestin était peut-être à bord révèle le haut niveau de nervosité qui prévalait encore en 2013 en pleine mandature Obama.
Il faut dire à leur décharge qu’Edgar Snowden n’avait pas fait les choses à moitié. Le film raconte l’itinéraire du jeune homme qui au départ devait faire sa carrière chez les parachutistes (avec les fameux « Sir, yes sir! » de « Full metal jacket ») et qui en raison d’une jambe cassée se réoriente vers les différentes organisations du renseignement américain (CIA, NSA…). Lesquelles réalisent vite la valeur de la nouvelle recrue. Snowden conçoit des applications de contrôle des réseaux de télécommunications.
Ses supérieurs lui présentent les activités dont il est chargé au nom de la sécurité des Etats Unis, soit un argument imparable depuis le 11 septembre 2001. Snowden s’avère brillant, très efficace, ce qui incite sa hiérarchie à le suivre de près et à le faire évoluer rapidement en fonction des besoins. Plutôt patriote, le jeune homme finit cependant par prendre ses distances, lorsqu’il découvre -du moins c’est ce qui nous est présenté- l’intensité de la surveillance globale du monde entier avec la complicité des grands de l’Internet, des télécoms et de l’informatique.
Le système permet en effet de scruter la vie de chacun à travers les appels, les textos, les réseaux sociaux. Snowden s’aperçoit en outre que les plus surveillés sont ses propres compatriotes. Stupéfait, il comprend que la pratique consistant à activer à distance la caméra de l’ordinateur d’un particulier sans qu’il s’en aperçoive est courante sinon possible. (On comprend mieux maintenant pourquoi le patron de Facebook a collé un sparadrap sur la webcam de son ordinateur, ndlr). Comme le répétait à l’envi l’écrivain américain Bukowski: « Les paranoïaques ont toujours raison« .
Il réalise également que derrière le paravent de la sécurité, se cache un programme de domination économique mondiale, avec par exemple des virus malveillants permettant de priver tout un pays de son électricité. Et, toujours selon le propos du film, que l’une des grandes idées des grands chefs c’est de trouver des failles dans le comportement des gens afin d’avoir, le cas échéant, un moyen de pression sur eux.
C’est ainsi que toute illusion évaporée, Snowden transférera sur une carte-mémoire les données attestant de cette surveillance globale. Après avoir rejoint Hong-Kong, il contactera des journalistes britanniques pour des articles à suivre qui déclencheront un scandale planétaire au moins dans les gazettes et journaux télévisés.
Cinématographiquement, la démonstration fonctionne d’autant mieux, qu’au contraire d’un western, on se sent quand même un peu impliqué. Par ailleurs, comme dans les films mettant en lumière les dérives de la finance américaine « The big short » ou « Margin Call », il y avait à maîtriser dans « Snowden » tout un jargon technologique relevant des télécoms et de l’informatique. Certains spectateurs en souffriront peut-être, mais Oliver Stone s’est néanmoins débrouillé pour que l’idée générale passe comme une lettre à la poste. C’est l’autre idée en creux qui nous vient d’ailleurs à l’esprit en sortant de la projection: acheter du papier à lettres, des enveloppes et des timbres. Histoire de passer entre les mailles d’un filet ratissant tout ce qui traîne.
PHB
Bravo de rappeler l’histoire de l’espace aérien fermé à Evo Morales… qui est d’ailleurs plus bolivien qu’équatorien… (je crois que la confusion vient de Assanges, protégé par le président équatorien Rafaael Correa qui l’abrite dans son ambassade britannique) Parmi les pays qui ont fait cette forfaiture : la France de Monsieur Hollande.
Bien récompensé par son « ami » Barack Hussein Obama puisque la tournée d’adieu (c’est comme ça qu’on dit sur RFI) du deuxième clown noir de l’histoire après le grand Chocolat passe par Berlin et pas par Paris…
Décidément c’est la semaine des erreurs. Merci de l’avoir repérée je la corrige. PHB
Il n’y a que ceux qui n’écrivent pas qui ne se trompent pas.
Cher Philippe, votre production abondante et choisie excuse tout !
Continuez !
Traiter Barack Obama de « deuxième clown noir de l’Histoire » ne vous grandit pas, cher Philippe Person.
Les millions de prisonniers noirs toujours en prison sous Obama ne pensent pas comme vous, chère Lise… Pas un seul de moins embastillé depuis que le « prix Nobel de la Paix » dirige la première puissance du monde au service d’une oligarchie pas très recommandable et très raciste…
Un exemple de clownerie d’Obama : tous les jours, le matin, un de ses conseillers lui donne une liste. Cette grande âme ne signe rien mais désigne de la main (sans laisser ses empreintes sur le papier) la cible à atteindre. Le drone part ensuite pour tuer « le » terroriste. Qu’importe s’il a plusieurs femmes et plusieurs enfants couchés à ses côtés…
Je trouve qu’en le traitant de clown, je reste dans une honnête mesure…
En plus, le personnage de Chocolat est formidable (Version Gérard Noiriel pas Roschdy Zem/Omar Sy bien sûr).
Et puis, si Obama avait été aussi bien que ça, jamais Hillary Clinton n’aurait été battue… et même, les démocrates auraient peut-être présenté Bernie Sanders qu’Obama n’aimait pas…
Je me souviens que le jour de l’élection d’Obama, j’avais parlé à des p’tits gars de banlieue en leur disant qu’Obama était plus Oncle Tom que Malcolm X… L’histoire a jugé…
Cher Philippe,
j’ai vécu 7 ans aux Etats-Unis, et s’ il y a une chose que j’ai apprise, c’est de constater à quel point les réalités de ce pays aussi grand qu’un continent étaient différentes des nôtres, et combien les comparaisons et interprétations qu’on peut en faire à travers notre propre réalité sont loin du compte.
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