Le 3 mars dernier, dans le cadre d’Ardanthé -le festival de danse contemporaine de Vanves- le danseur Cédric Andrieux est venu en personne présenter son solo «Cédric Andrieux». Dans cette pièce, il pose un regard rétrospectif sur sa carrière. Avec beaucoup de sobriété, d’humour, et de grâce bien sûr, il raconte ses premiers pas à Brest, son apprentissage au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, son rôle d’interprète de Merce Cunningham à New York, et récemment au sein du Ballet de l’Opéra de Lyon.
Avec une simplicité extrême, une narration bien construite et rythmée, il partage son quotidien de danseur, ses réflexions, ses états d’âme, ses difficultés, et surtout son cheminement vers la maturité. Démonstrations à l’appui. A New York, il répète pendant huit ans tous les jours les mêmes gestes, avec 18 positions de base rien que pour les bras ! Un travail long et laborieux. «Pour Merce Cunning-ham, c’est quand le mouvement commence à être gauche, maladroit, qu’il devient intéressant. Il attend le moment où l’on va au-delà de ce qu’on sait faire. Il me laisse libre de mon interprétation. Je suis complètement dans le moment, c’est jouissif et ça me libère», raconte-t-il. Un dépassement de soi et une souffrance aussi : il a toujours mal quelque part (dans la nuque, les bas du dos, etc.). Normal. Les pas sont lourds, les mouvements désarticulés, brutaux, intenses.
A Lyon, avec le spectacle Show must go on- il renoue avec un « rapport plus doux » avec la danse. «On est des personnes avant d’être des danseurs», explique-t-il, soulagé. Il revient sur un moment drôle de cette pièce : pendant 4 minutes, sur un air de Police, Every breath you take, les caméras éclairent le public et Cédric Andrieux scrute un à un les spectateurs. Ensuite, il commente… Bref, au final, on s’est senti proche de lui et ce concept d’Andrieux par Andrieux, qui – je l’avoue- m’avait un peu effrayée au départ, est doublement séduisant. Il nous confie son histoire et l’incarne en dansant.
Cette pièce est tirée d’une idée originale de Jérôme Bel. Elle s’inscrit dans une série initiée en 2004 avec le solo pour la danseuse du corps de ballet de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau.