Toujours plus haut ! L’ouverture imminente des portes de la « Shanghai Tower », la seconde plus haute tour du monde, est l’occasion de dresser un panorama des géantes de Shanghai et de revenir sur l’histoire du développement récent de la ville.
(Ci-contre les 3 tours WFC, Jin Mao et Shanghai Tower/©Lottie Brickert)
Aujourd’hui, quatre tours parmi les plus vertigineuses du monde dressent leur arrogance mercantile à Pudong-Lujiazui, le nouveau quartier financier de Shanghai. Dire qu’il y a 25 ans Pudong était encore un terrain vague ! Suite au doublement de la population de Shanghai ce dernier quart de siècle, il a fallu bâtir pour loger les habitants et pour assurer le développement de la ville, notamment en tant que centre financier international. Pudong, dont la superficie est une fois et demi celle de la vieille ville proche de là, constituait un terrain de choix pour construire des tours et se livrer à des projets immobiliers d’envergure.
A Shanghai, l’escalade architecturale commence en 1994, date de l’achèvement de « l’Oriental Pearl Tower » dont la pointe culmine à 468 mètres. Première construction majeure de Pudong, le « spoutnik chinois » est essentiellement une attraction touristique et une antenne de radio. En 1999, la tour « Jin Mao » regarde « l’Oriental Pearl » de haut avec ses 421 mètres et 88 étages. Jusqu’à ce que le « World Financial Center » (WFC) – avant-dernière-née des géantes – lui fasse un pied de nez en 2008 avec ses 492 m répartis sur 101 étages. Pas pour longtemps. La Tour Shanghai, commencée en 2009, s’apprête à ouvrir ses portes. Haute de 632 mètres et 127 étages, elle est le plus haut gratte-ciel d’Asie et le deuxième du monde après le Burj Khalifa de Dubaï, aux Émirats Arabes Unis (829 mètres et 162 étages).
La Shanghai Tower, conçue par l’agence d’architecture et de design américaine Gensler, comprendra des bureaux pour les sociétés internationales, un hôtel 5 étoiles dans ses élévations, un centre commercial luxueux sur plusieurs étages, un centre de convention et des espaces culturels. Sa gracieuse forme hélicoïdale qui s’étire dans le ciel doit symboliser le dynamisme de la Chine moderne et d’un point de vue technique, offrir une résistance aux vents forts. Heureuse consolation : en attendant que ses espaces soient accessibles aux visiteurs, ils peuvent depuis peu emprunter l’ascenseur express pour atteindre le 119e étage. Là, après une ascension réalisée en 55 secondes seulement, ils profitent de la vue la plus « altière » de Chine.
Bien qu’elle ne soit pas aussi haute que la « Shanghai Tower », la visite de sa voisine et seconde plus haute tour de Shanghai, le « World Financial Center » (492 m), effectuée l’an dernier, nous avait procuré des sensations fortes. La visite touristique est parfaitement orchestrée. Une fois le billet acheté (150 yuan soit 20 euros) et les groupes constitués, des hôtesses dirigent les visiteurs vers l’ascenseur. Top chrono : en moins d’une minute, le 97e étage est atteint. Pas un bruit, pas une secousse, pas une vibration, à peine un petit rebondissement à l’arrivée et déjà on y est. Magique ! Là, un escalator mène à la plateforme d’observation à 474 mètres. Sensation forte assurée, « Star Wars » n’est pas loin ! On crève le plafond dans cette sorte de vaisseau futuriste tout de verre et de miroirs avec un panoramique à 360°. Pour corser le tout et accentuer la sensation vertigo, une partie du sol est en verre transparent. Les têtes se mettent à tourner, les corps à tanguer en percevant le vide. Les cœurs battent la chamade et les yeux s’ouvrent grand pour contempler la ville qui s’étend à perte de vue. A 474 mètres, on discerne encore les rues sous soi mais les voitures en circulation ressemblent à des points colorées. Sous ses pieds, la rivière Huangpu partage le territoire. A l’est, la vieille ville et les anciennes concessions. A Pudong-même, les zones nouvelles. Démesure à l’horizontale cette fois : des rangées d’immeubles flambant neuf qui s’étendent aussi loin que les yeux se portent. Du prêt à loger à l’échelle de la Chine. Le Shanghai de demain.
Vues de si haut, les autres tours de Pudong semblent moins vertigineuses. Aussi arrogantes soient-elles, on les domine toutes y compris les deux titans, la tour « Jin Mao » et le « Spoutnik ». Il n’y a que la « Shanghai Tower » pour obliger à lever la tête. On revient à l’escalator abasourdis par ce voyage au firmament. Petit arrêt aux toilettes du restaurant panoramique, une autre expérience insolite à ne pas manquer. Avec son mur extérieur vitré, on a la sensation d’être pendu dans le vide une fois installé sur le siège. Retour à l’ascenseur, on quitte son petit nuage. Top chrono : 60 secondes plus tard, on a retrouvé la terre ferme. Mais on est toujours au septième ciel, encore sonnés par cette ascension renversante. Depuis, on attend avec impatience de renouveler l’expérience au sommet de la Shanghai Tower qui crève le ciel à 650 mètres. Toujours plus haut !
Lottie Brickert
Citation (de mémoire, donc peut-être approximative) :
« Sur le plus beau trône du monde, nous ne sommes assis que sur notre cul. » (Montaigne)
Merci pour ce voyage vertigineux! Et la sensation d’avoir pris l’ascenseur avec vous. Et bravo pour le clin d’œil insolite.
Merci pour ce petit tour au 7eme ciel ! Ça donne le vertige…
Course à la modernité et au gigantisme… qui n’échappe pas aux passions recuites de l’Histoire. A l’origine, la partie supérieure du WFC comportait un cercle. Les autorités chinoises y avaient vu comme un rappel du symbole de la bannière impériale nippone qui n’a pas laissé que de bons souvenirs à la Chine! Le promoteur (un groupe japonais…) avait été fermement invité à revoir sa copie. Message reçu, interruption du chantier et retour à la « planche » à dessin. Le cercle disparut au profit du design actuel qui vaut au WFC d’avoir été baptisé le « décapsuleur » par les habitants de Shanghai… L’histoire n’a pas retenu si Chinois et Japonais ont décapsulé une Tsing Tao ou une Asahi pour sceller l’issue de ce différend.
En réponse à Ibanès, je pense que la citation de Montaigne est : « si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul ! » ; de toute façon, la signification est la même…
Merci de m’avoir rafraîchi la mémoire!
je veux aller faire pipi à 474 m de hauteur !!!!!!
Belles prouesses d’architectes que ces tours vertigineuses, merci Lottie de nous avoir emmenés au-dessus de la couche de pollution urbaine. Souhaitons néanmoins que ce World Financial Center et son environnement ne soient pas ébranlés par les secousses que nombre d’experts semblent déceler dans une économie chinoise en folie. Mais ceci est une autre histoire…
Les gens veulent vraiment ressentir des sensations fortes partout, sauf celles des accélérations et freinages des ascenseurs ultra-rapides, sauf moi, car c’est debout en équilibre !!!
Et par contre, ils ressentent des sensations en hurlant bêtement dans toutes les attractions, même une ridicule chenille de fête foraine, sauf moi, car de plus, c’est beaucoup moins fort en position assise.