Je m’approche, le faucon me regarde, immobile, étrange. Il s’est posé au sommet d’un tronc d’arbre. Comme surpris dans son sommeil, un nain ou est-ce un elfe se cache dans un champignon. Il soulève le chapeau me voit, il le referme aussitôt. Quel est ce monde étrange qui peuple la forêt. Je savais bien qu’il ne fallait pas que je m’aventure par là. Victor Hugo… «C’est l’essaim des Djinns qui passe et tourbillonne en sifflant! Les ifs, que leur vol fracasse, craquent comme un pin brûlant. Leur troupeau, lourd et rapide, volant dans l’espace vide, semble un nuage livide qui porte un éclair au flanc. (…) Ils sont tout près! Quel bruit dehors! Hideuse armée de vampires et de dragons!».
Je me balade dans la forêt de Montargis et même si aujourd’hui le voyageur peut la traverser sans crainte, il me plaît de me faire peur. Peut être est-ce l’arbre qui tremble quand il entend le chant de la scie raisonnée du bûcheron. Paradoxe de ce monde où il est naturel de voir l’homme devenir centenaire quand le chêne qu’on abat ne l’est plus. Seul témoin du combat pour la vie des arbres qui agite la clairière, un gland de l’année qui se lance à l’assaut du ciel du haut de ses quelques centimètres au pied même d’un chêne vénérable qui n’imagine pas qu’il a peut-être donné racine au futur maître des lieux.
Depuis la nuit des temps, la mémoire des hommes a peuplé la forêt d’êtres magiques. Il est vrai qu’autrefois elle était autrement vaste et dense, véritable murs, impénétrables et terrifiants. J’en étais à ces considérations songeant à tous ces peuples mystérieux qui ont su survivre aux premiers moines qui au plus bas du moyen-âge jetèrent leur opprobre à l’adoration des arbres. J’en étais là dans mes pensées quand je me retrouve devant un étrange soldat, il est sculpté dans un tronc d’arbre solidement enraciné jouant une improbable partie d’échec avec au loin un autre tronc devenu tour dans ce jeu immobile. Au loin une nuée de chauve-souris.
On l’aura compris les artistes du Montargois se sont donnés rendez-vous dans cette clairière, non loin du village de Paucourt pour réveiller le petit peuple sylvestre en sculptant une dizaine de troncs à découvrir au hasard de nos pas.
Les arbres dans leur temps éternel ont-ils la mémoire de l’éternité ? Les plantes ont leur intelligence, comme si elle devait rendre coup pour coup au prédateur qui en fait son repas. Je me rends non loin de là, à l’Arboretum national des Barres à Nogent-sur-Vernisson. Une magnifique balade, la journée y suffit à peine. Ici point de fée Mélusine, de forêt qui marche, d’elfes ou de Merlin, Au loin un tronc immense, lui aussi sculpté tel un totem, et nous voilà partis à la rencontre d’essences dans toutes leurs beautés, les uns immenses, les autres dans leurs printemps fleuris, arbres rares ou tourmentés. De quel bois le temps des arbres est-il fait ? Ici le séquoia millénaire domine sans crainte le lieu, non loin un chêne centenaire l’ignore. Et puis cette souche arrachée, ce tronc gigantesque d’un arbre déraciné, la tempête de 1999. Les arbres meurent aussi.
Bruno Sillard
Maison de la forêt, rue de l’église à Paucourt. Tél : 02.38.98.17.59.
E-mail : maisondelaforet@agglo-montargoise.fr. Ouverture les mercredis, samedis et dimanches de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures.
Arboretum national des Barres
45290 Nogent-sur-Vernisson
tél. 02 38 97 62 21 ou arboretum.barres@onf.fr
Ouverture du 26 mars au 6 novembre 2016.
A noter ce Samedi 14 et dimanche 15 mai
Des jeux en bois géants, des concerts avec Taraf Istoleï et avec Offre Généreuse de Mélodies, du théâtre amusant, une exposition théâtralisée d’objets détournés avec Exobus, de la fauconnerie équestre, H Jeux D’O avec la Compagnie DUT pour jouer avec l’eau, Manda Lights pour des déambulations magiques « Céleste », Alsa et Melba les belles juments de Marco qui vont emmener le public en calèche, et beaucoup d’autres surprises…
Le soir laissera la place à la Compagnie du Vent du Riatt avec « l’Eau ça brule » un spectacle pyrotechnique et poétique.
Exposition des dessins de Francis Hallé
Exposition des rapaces
Bel hymne à cette ensorceleuse qu’on espère éternelle qu’est la forêt !