Marquez votre agenda ! Cette année, les Journées européennes du patrimoine (JEP) se déroulent les 19 et 20 septembre. Pour « rentabiliser » son week-end et découvrir une sélection optimale de lieux remarquables, rarement ouverts au public, mieux vaut s’organiser un peu.
Si vous ne les avez jamais visitées, les Archives nationales constituent une bonne mise en jambe pour débuter ces journées de marathon culturel.
C’est aussi une occasion unique de découvrir une mystérieuse armoire de fer qui renferme des trésors, de s’en mettre plein les yeux en déambulant dans de somptueux hôtels particuliers du Marais, ou encore de faire travailler ses neurones en se remémorant les dates clés de l’Histoire de France.
Les Archives nationales de Paris?
Vous les pensiez déménagées à Pierrefitte-sur-Seine, après un combat acharné dont la presse s’était fait l’écho, et qui s’était terminé par une mise KO des partisans du « Touche pas à mes archives » ? Eh bien, oui et non. Oui, une partie des 80 kilomètres de rayonnages, les Archives nationales postérieures à 1790, a quitté la rue des Francs Bourgeois pour rejoindre Pierrefitte-sur-Seine. Non, le site parisien n’est pas fermé. Désormais, il n’abrite plus que les fonds publics antérieurs à 1790. Et c’est précisément le caractère insolite de ces fonds qui fait toute la saveur de la visite des Grands dépôts, uniquement ouverts au public lors de JEP.
1) Le mode d’emploi, tout d’abord : Arriver tôt et retirer tout de suite un ticket pour la visite guidée des « Grands dépôts ». En cas d’affluence, opter pour l’une des deux autres visites guidées, « l’Hôtel de Rohan » ou la « Bibliothèque historique et le salon Oppenord ». En attendant l’heure de départ de votre groupe, vous pourrez admirer les étincelants décors rocaille des appartements princiers de l’hôtel de Soubise (visite libre) ou encore tenter de gagner un catalogue d’exposition en répondant à un quiz sur l’Histoire de France. Les paresseux se contenteront d’une pause-café au Food truck dans la cour.
2) Le petit rappel historique : C’est sous le règne de Philippe Auguste (1180-1223) qu’on a commencé à garder des actes reçus ou expédiés. Cette nouvelle pratique d’archive coïncide avec l’extension du Domaine royal : il s’agit de conserver les documents qui fondent les droits du roi sur son royaume. Au fil du temps, la pratique s’étend à d’autres secteurs publics. Les archives nationales ayant échappé aux destructions de la Révolution, Napoléon décide en 1808 de les installer provisoirement dans l’hôtel de Soubise. Du provisoire qui, comme souvent, devient définitif!
3) La visite des Grands dépôts : Prêt pour une plongée vertigineuse au cœur de l’Histoire de France qui vous laissera pantelant ? C’est parti, au pas de charge, pour une heure de traversée de notre passé avec un guide des Archives passionnant. Premier arrêt marquant, la salle de la Maison du roi. Elle réunit les archives relatives aux dépenses de la maison du Roi : construction de châteaux et jardins, acquisition de mobilier, tableaux, bijoux, etc. Ces archives sont consultées couramment, notamment par des antiquaires lors de la vente de mobilier « royal », pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de « faux ».
Dans la salle des archives législatives, on sent tout à coup ses jambes flageoler devant l’alignement infini de registres avec la cote W. Ils contiennent les comptes rendus d’audience des personnes jugées par les Tribunaux révolutionnaires pendant la Terreur. A quelques rares exceptions près, ils pourraient s’appeler les registres des guillotinés.
Après force déambulations dans divers magasins, on aboutit à la salle du Trésor des chartes, qui, avec son Armoire de fer, constitue sans conteste le clou de la visite.
Les portes de l’armoire, coffre-fort exécuté en 1790 sur décision de l’Assemblée constituante, sont ouvertes lors des JEP. Certains des 800 éléments fondateurs de notre pays qu’elle renferme sont exceptionnellement exposés au public. Citons à titre d’exemple, le mètre étalon (1795), les plombs de la Constitution, la planche gravée de la déclaration des droits de l’homme de 1789, la lettre par laquelle Marie-Antoinette confie à la veille de sa décapitation ses enfants à sa belle-sœur, l’Edit de Nantes, le testament de Louis XIV, Louis XVI, Napoléon….
La suite de la visite, c’est à vous de la découvrir….
Lottie Brickert
Les Archives nationales, site de Paris. Hôtel de Soubise 60, rue des Franc-Bourgeois 75003 Paris.
Ouverture JEP : Samedi et dimanche, de 11 h à 19 h. Entrée libre (sauf visites guidées) et gratuite.