Caillebotte en son parc

Propriété Caillebotte. Photo: PHB/LSDPQu’il devait être bon d’être riche dans cette seconde partie du 19 siècle et de jouir des bienfaits d’un aussi bel espace. La propriété Caillebotte dans l’Essonne permet au visiteur, à maints égards, de se faire idée de la munificence d’un lieu, de sa maison principale, de son orangerie, de son potager expérimental, au sein d’un parc de 11 hectares. C’est là à Yerres, au bord de la rivière du même nom, que Céleste et Martial Caillebotte, les parents, Gustave, Martial et Albert, les enfants, ont coulé l’été, nombre de jours heureux. Cet endroit somptueux a failli il y a 20 ans, se transformer en habitat HLM si son maire actuel, aujourd’hui dans son quatrième mandat, n’était pas intervenu avec l’idée d’en faire petit à petit, un Giverny bis, autre lieu de culte impressionniste grâce à Monet.

L’un des bâtiments a accueilli en 2014 une exposition d’une quarantaine de toiles de Gustave Caillebotte notamment celles ayant été inspirées par la propriété. On y voit la fameuse toile avec les périssoires (un genre de canoë), les pêcheurs à la ligne, les baigneurs, autant de motifs qui caractérisent le style bucolique de Caillebotte, que l’on retrouve également dans ses œuvres réalisées en bordure de Seine, entre Argenteuil et Gennevilliers. Mais sa touche moderne (et restée moderne) a surtout trouvé à s’épanouir sur les rives de la gare de Saint-Lazare et dans les rues du huitième arrondissement. En suivant les allées du parc, on comprend qu’il devait être bien difficile pour Gustave et aussi son frère Martial (leur demi-frère Albert était prêtre), de ne pas s’adonner à la jouissance des lieux, en laissant parler leur talent qui de peintre, de photographe ou de musicien. On devine les pelouses garnies d’invités que l’on nourrissait avec des produits frais issus d’un môle servant de glacière, on finit par comprendre l’insouciance régnante dans cette période bénie d’avant la première guerre mondiale, conflit qu’aucun des trois frères n’aura connu.

De nos jours il ne reste que l’écrin. La grande maison, appelée «Le Casin» devrait être rénovée afin qu’elle puisse s’ouvrir aux visiteurs. Le rez-de chaussée est néanmoins accessible avec une boutique et une salle de projection où il est possible de visionner un documentaire sur le peintre assez intéressant quoique un peu paresseux, puisqu’il s’attarde un peu trop sur la technique de peinture de l’artiste. Mais les aîtres invitent à l’indulgence. La propriété comporte également un restaurant au centre d’un confit de Clochemerle avec la municipalité, l’exploitant refusant semble-t-il de rendre les clés, et la ville dirigée par Nicolas Dupont-Aignant lui déniant le droit de l’exploiter. Au point qu’un panneau insolite, planté devant, énonce les griefs de la commune à l’égard du restaurateur.

Mais les visiteurs, habitués ou non, de même que les canards et différents oiseaux qui fréquentent le parc et la rivière, n’en ont cure. L’essentiel étant d’avoir préservé cette enceinte en tout point bénie dont la voracité urbaine n’est toujours pas venue à bout.

PHB

A propos des frères Caillebotte on pourra relire la chronique des Soirées de Paris sur l’exposition qui leur avait été consacrée en 2011 au musée Jacquemart André.

8, rue de Concy 91330 Yerres (Essonne – 91)/En RER D à 20 minutes de Gare de Lyon www.proprietecaillebotte.com

Horaires d’ouverture : tous les jours (sauf le lundi) de 10h à 18h et le dimanche jusqu’à 19h. Nocturnes : vendredi et samedi jusqu’à 20h30

Aspect de la propriété Caillebotte. Photo: PHB/LSDP

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Une réponse à Caillebotte en son parc

  1. Benoît dit :

    Yerres, demain, dimanche prochain, qu’importe, mais oui, Philippe, merci pour l’hommage … cette propriété est à découvrir …

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