« Ce champ sinistre où Dieu mêla tant de néants,
Tremble encor d’avoir vu la fuite des géants ! » ( Victor Hugo, L’Expiation)
Ne les appelez pas “figurants“. Et ne dites pas qu’ils sont “en costume“. Les 5.000 personnes qui seront réunies les 18,19 et 20 juin à Waterloo pour faire revivre, 200 ans plus tard, la plus célèbre des batailles du XIXe siècle, sont appelées “reconstitueurs“ et portent des “uniformes“. C’est dire le souci d’authenticité des organisateurs de cette exceptionnelle reconstitution d’une bataille particulièrement sanglante qui vit la défaite, puis l’exil de Bonaparte… et inspira à Victor Hugo l’un de ses plus célèbres poèmes.
Peu après la bataille de 1815, le nom de Waterloo, petit ville du Brabant wallon à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, fit rapidement le tour du monde. Une centaine de villes, en particulier en Amérique du Nord, l’adoptèrent. En Belgique même, le champ de bataille est devenu un lieu de pèlerinage. Des dizaines de milliers de visiteurs venus du monde entier s’y rendent chaque année. Ils peuvent grimper les 226 marches de la « Butte du lion », un tertre de 40 mètres de haut érigé dès 1826 pour contempler la « morne plaine » où s’affrontèrent les troupes françaises et celles de la coalition menée par Wellington.
Pour le bicentenaire, l’association « Bataille de Waterloo 1815 », créée il y a 25 ans, n’a pas lésiné sur les moyens. Six cents hectares étaient déjà classés ; le site est passé à 1.000 ha. Le spectacle lui-même se déroulera sur un espace équivalent à 22 terrains de football. Chaque armée aura bien évidemment son uniforme (un seul uniforme peut valoir 2.000 €). Trois cents chevaux et 30 palefreniers seront de sortie. Une centaine de canons et 3.500 kilos de poudre seront prêts à cracher leur feu.
On pouvait s’y attendre : le succès a immédiatement été au rendez vous. En quelques jours, les 130.000 billets pour la reconstitution ont été vendus. Les spectateurs viennent d’une trentaine de pays. La bataille est certes un événement historique qui a bouleversé le cours de l’histoire, mais le mythe de Napoléon continue de fasciner. L’un des premiers collectionneurs d’objets napoléoniens a été … le roi d’Angleterre lui-même !
Sur le site, en contrebas de la Butte du lion, un nouveau mémorial vient d’être inauguré : six mille mètres carrés et une scénographie complète, avec effets spéciaux. Le visiteur aura notamment la possibilité de visionner un film en relief dont la réalisation a été confiée à Gérard Corbiau (Le Maître de musique, Farinelli, Le roi danse) Sur écran panoramique, ce film en 4 D réussit le pari de résumer la bataille en… quinze minutes. « J’étais un jeune réalisateur ! » dit G. Corbiau, en parlant d’un travail « passionnant » réalisé en studio après les dix jours de tournage in situ.
A l’occasion du bicentenaire, le musée Wellington, au cœur de la ville belge, présente également, jusqu’à la fin juillet, une exposition sur les destins croisés de Napoléon et Wellington. On y verra le fameux bicorne de l’empereur (authentique, nous assure-t-on, preuve à appui) ainsi qu’un certain nombre d’objets personnels.
Le bicentenaire de la bataille de Waterloo aurait également dû être marqué par la parution d’une nouvelle pièce de deux euros, frappée par la Monnaie royale de Belgique. Il faut croire que deux siècles n’ont pas suffi à effacer les rancœurs : la France l’a refusée. Habiles dans l’art du compromis, et avec une certaine astuce non dépourvue de malice, la Belgique a alors décidé d’éditer une pièce de 2,50 €, qui ne pourra pas être utilisée dans les transactions. La France ne pouvait donc s’y opposer. 70.000 pièces représentant la Butte au lion auraient déjà été frappées.
Gérard Goutierre
Quatre, cinq millions de morts pour les guerres napoléoniennes? Je n’ai jamais compris le culte voué à ce monsieur. S.
N’oublions pas que jusqu’à la guerre en Espagne, ce sont les armées royalistes qui attaquaient la France, bon après avec la Russie , on peut conclure que Napoléon est parti en vrille!