Après Shanghai en 2005, Hanovre en 2010, et avant Dubai (2020), c’est à Milan que 140 pays se sont donné rendez-vous pour l’exposition universelle qui vient d’ouvrir ses portes, pour une durée de six mois. Thème de la rencontre : « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». L’enjeu est de taille puisque, dans quelques années, l’explosion démographique obligera les 9 milliards d’habitants à mieux utiliser les ressources existantes et à en imaginer de nouvelles.
Chaque pays décline le thème à sa façon. Entre la slow food et la haute gastronomie, la marge est grande. Les participants ont tous joué le jeu, et l’alimentation, sous toutes ses formes, est largement présente dans la soixantaine de pavillons nationaux ainsi que dans les ilots thématiques, les « clusters », dédiés à un produit de consommation courante, comme le café, le cacao, le riz, les épices, les céréales. Les petits pays producteurs y ont au moins leur place.
La manifestation se déroule dans un quartier de Rho Pero, au nord-ouest de la capitale lombarde (une vingtaine de minutes en métro depuis la place du Duomo) sur 110 hectares. C’est vaste, mais pas démesuré. La disposition a l’avantage de la simplicité : une large avenue centrale de 1,5 km (le decumano) tout au long duquel sont installés les pavillons nationaux, rivalisant de prouesse architecturale. Au centre de cette allée piétonnière se trouve le cardo, où toutes les régions italiennes sont représentées, ainsi que le pavillon national, le Palazzo Italia.
La visite de cette imposante bâtisse blanche réserve quelques belles surprises, comme des pièces-miroirs où l’on redécouvre, éblouis, les splendeurs architecturales et artistiques du pays. Juste à côté, au centre d’un mini lac, “l’Arbre de vie“, structure de bois et d’acier, veille du haut de ses 37 mètres sur l’ensemble de la manifestation. On vient s’y reposer sur des sièges rouges de type “culbuto“ lorsque la fatigue se fait sentir. Parce que, même si Milan ne peut rivaliser avec le gigantisme de Shanghai, il y beaucoup à découvrir, beaucoup à visiter, beaucoup à marcher, dans ce tour du monde en miniature. Cela tient à la fois d’un concours d’architecture, d’une foire d’art contemporain et d’un parc d’attractions.
La non pérennité des constructions ( tout ou presque devra être ensuite démoli) a permis l’audace et l’imagination des concepteurs. Le bois et le verre sont les matériaux vedettes, et le souci écologique semble toujours prédominant… même si, à l’intérieur des bâtiments, des débauches d’effets spéciaux ( souvent énergivores) sont utilisés. Les murs d’images se retrouvent à foison, accompagnés fréquemment d’une musique aseptisée, la muzak que la planète entière semble avoir adoptée.
Lorsqu’un parcours guidé est proposé, la découverte est parfois déroutante. Ainsi, au pavillon du Japon, le visiteur passera brusquement d’une atmosphère intimiste et onirique à un véritable show télévisé, style grand cabaret.
De l’autre côté de l’allée centrale, vêtus en gentlemen farmers, les Britanniques invitent le visiteur à suivre un couloir végétal avant de passer sous une structure métallique aérienne, d’un élégance parfaite. C’est sobre et beau. Juste à côté, le pavillon de Hongrie ressemble étrangement à un tonneau. Veut-on évoquer la bière, ou la conservation du chou ? Erreur, dit l’hôtesse avec un grand sourire : c’est une symbolisation de l’arche de Noé dont la proue, porte l’effigie, très stylisée, d’un autre arbre de vie.
Le pavillon koweitien semble pourvu de grandes voiles. Il s’inspire des anciennes embarcations traditionnelles , les « dhows ».
Juste derrière le pavillon du Saint Siège (« Donnez nous notre pain quotidien » peut-on lire sur la façade), voici le pavillon de la France. A l’accueil, un jeune homme et une jeune femme, portant marinière made in France, vous invitent à traverser une sorte de labyrinthe bordé de plantations potagères où poussent réellement pommes de terres, carottes ou haricots verts. On découvre ensuite une grande et belle halle en bois, rappelant les marchés couverts de certaines provinces. Réalisée en épicéa et sapin de Franche-Comté, pièce par pièce, la structure été remontée à Milan, ce qui a nécessité trois mois de travaux. Les arrondis du toit, comme un paysage vallonné inversé, abritent toute sorte de produits ou de matériel lié à la cuisine et à l’alimentation. Le vin y tient une grande place. Pour un peu, on se retrouverait dans la chambre d’Alexandre le bienheureux, le héros du film d’Yves Robert, qui suspendait au plafond saucissons et litres de vin… Une boulangerie fournit quotidiennement le pain so frenchy tandis qu’à l’étage, les grands chefs de cuisine se relaient dans le café-restaurant de conception beaucoup plus traditionnelle. Démontable et donc transportable, cette halle en bois ne devrait pas être démolie après l’exposition. Certains pays auraient manifesté le désir de l’acquérir. Mais son devenir n’est pas encore assuré.
L’expo milanaise offre également une vitrine à des sociétés privées. Outre son pavillon national, la Chine propose ainsi trois autres lieux d’exposition, dont celui de la China Corporate United, qui devrait faire le bonheur des enfants grâce à d’excellentes animations, comme un film très réussi dont les héros sont un couple de pandas.
Il ne faudra pas manquer le “ Pavillon zéro “ vaste espace investi par l’ONU, situé tout à l’entrée et dont la façade porte l’inscription « Divinus Halitus Terrae » (Souffle divin de la terre). Il résume à lui seul la mission que s’est assignée l’organisation internationale avec son programme « Faim zéro ». Quelques pavillons plus loin, voici celui du Népal, qu’on ne peut visiter sans un pincement au cœur. Malgré le terrible séisme et les neuf millions de victimes, les Népalais, avec une admirable dignité, ont tenu à être présents. dans une construction qui célèbre le patrimoine architectural du pays.
Deux semaines après l’inauguration, après les prévisibles retards à l’allumage, le public, pour l’instant essentiellement italien, est déjà venu en grand nombre. Les organisateurs tablent sur un total de 20 millions de visiteurs. Ce chiffre sera-t-il atteint ? L’exposition aura vraisemblablement un effet positif sur la ville de la mode et du design, qui avait déjà bien d’autres atouts pour attirer les visiteurs.
Gérard H.Goutierre
….vous nous mettez l’eau à la bouche cher Gérard Hercule Gouttière et ça à l’heure du petit déjeuner, la journée commence bien!
Voilà une affaire qui donne fortement envie et même faim! S.
Un régal ! Et ne pensée partagée pour les 9 000 victîmes népalaises.
Merci pour cette circumambulation autour de l' »Arbre de vie » milanais qui émoustille nos papilles gustatives et notre curiosité. Les photos, très réussies, nous font écarquiller les yeux … on a envie d’en voir plus.
Lottie
PS : Shanghai, c’était en 2010, me semble-t-il, en tout cas, il n’en reste pas grand chose.
« Divinus Halitus Terrae » ? Heu…Nadia Belkacem ? Non je plaisante 😉
L’expo est remarquable et agréable à visiter. Le Pavillon de la Corée, une réussite technologique et esthétique. Celui des vins italiens mérite le détour. La Pologne vous offre une pomme. L’Espagne en vidéos. L’artisanat du Brésil, sympa. Le Vatican vous donne une photo du Pape. La France pas très dynamique (et je ne vous parle pas du pavillon de la biennale à Venise). La Chine étonnante. L’Angleterre butine. La Moldavie et la Côte d’Ivoire regardent leur vitrines vides (au 12/05). J’y retournerai plus tard avec plaisir.