Il faut bien admettre que même deux jours par semaine seulement, l’accès au jardin privé de l’Hôtel de Ville est un cadeau des plus sympathiques pour les Parisiens et les autres. Partiellement ouvert au public depuis le mois de janvier, cet espace a été baptisé « Jardin des combattants de la Nueve », en hommage aux Espagnols Républicains qui vinrent aider à la libération de Paris en 1944. Mais voilà, ce jardin donne à réfléchir et même à rêver.
D’abord parce qu’il est beau avec ses petites allées garnies de jolies plantes, fleurs, arbres, arbustes, c’est un bien joli parterre qui trouve à s’épanouir au pied de la statue d’Etienne Marcel, lointain prédécesseur de Anne Hidalgo la maire actuelle, puisqu’il naquit et vécut au quatorzième siècle.
Comme on en fait très vite le tour, le mieux pour en profiter est de s’installer sur l’un des bancs de pierre afin de jouir (ah!) de la façade sud de l’Hôtel de Ville qui de si près impressionne comme une falaise ou au contraire, de laisser porter le regard bien au-delà de la Seine comme Etienne Marcel à qui il faut bien le dire, la meilleure place a été réservée.
Convenons que si la mairie de Paris se fait fort parfois de chiper de l’espace aux promeneurs en allouant de l’espace public au privé (la mode dans le jardin des Tuileries, le tennis dans le jardin des Serres d’Auteuil…) elle en donne également beaucoup avec les quais rive gauche, les jardins associatifs ou la transformation des friches industrielles : le programme de végétalisation débridée de la capitale n’est sans doute pas terminé. Quand on fait du mauvais il est bien d’offrir du bon, c’est tout un équilibre, un bel exercice de compensation.
Ce très joli square désormais accessible au public le week-end, a également une caractéristique très rare pour une surface de plein air, c’est qu’il y est interdit de fumer. Il y a même un gros cendrier à l’entrée pour y jeter la cigarette dont on s’était promis la combustion.
D’une surface de près de 1400 mètres carrés, le jardin dédié aux combattants espagnols pourrait lui aussi offrir aux amateurs de tennis impénitents une aire de jeu excellente tout autant que prestigieuse à condition de tout raser. Mais là n’est pas l’idée. Bien que privé de fumer, le promeneur on le voit, fait du mauvais esprit en référence au funeste projet de construire un stade tennistique de 5000 places dans les jardins des Serres d’Auteuil.
De retour sur le magnifique parvis de la mairie pour l’innocente joie de s’en griller une, le visiteur pouvait contempler ces temps derniers beaucoup de gens jeunes s’adonner aux plaisirs du basket qui font suite à ceux, l’hiver, du patin à glace.
Et c’est là que, tel Isaac Newton saisi d’un déclic gravitationnel, l’assujetti à l’impôt local se prend à rêver d’une idée qui mettrait tout le monde d’accord. Pourquoi en effet ne pas construire deux courts de tennis provisoires sur le parvis de l’Hôtel de ville, au moment de Roland Garros et le cas échéant des jeux olympiques ? Cela épargnerait un site classé ou coûterait bien moins cher que de recouvrir l’autoroute A13 voisine des Serres d’Auteuil et le prestige du lieu en ferait un site inégalable. Les amis de toujours comme Manuel Valls, Anne Hidalgo, Ségolène Royal, le monde du tennis et surtout, les promeneurs des jardins d’Auteuil, seraient dès lors tous satisfaits au lieu de s’étriper en d’épuisants combats. Il n’y a de vrai bonheur que partagé par tous. Visons donc ce parvis, haut lieu consensuel qui réconciliera tout le monde.
PHB
PS: Le caractère provisoire de ces installations permettrait en outre de baptiser chaque année d’un nom différent les courts ainsi installés. Ce qui serait chic, ce serait de dédier le premier à Guillaume Apollinaire, joueur de tennis très très modeste mais Parisien de renom et incidemment fondateur en 1912 de cette belle revue culturelle que sont Les Soirées de Paris.
Que c’est bien écrit! Dégusté avec délice ce matin, accompagné d’un café. Vive les Soirées!
Riche idée mais quelque chose me dit qu’elle ne sera pas retenue. S.