C’est probablement une petite Arménienne qui agonise et dont on n’ose penser que ce qui ressemble à un bout de tuyau blanc est son avant-bras. La photo a été prise le 10 octobre 1916 dans le camp de concentration de Dibsi. Terrible image que l’on peut voir en ce moment à l’Hôtel de Ville à l’occasion du centenaire du génocide arménien.
Par définition on ne planifie pas la mise à mort de plus d’un million de personnes par inadvertance. Il y a un mot précis pour cela, c’est la préméditation. Et l’attelage du mot préméditation avec celui de massacre cela donne en l’occurrence le vocable génocide. La décision d’exterminer les Arméniens et les Syriaques, a été prise entre le 20 et le 25 mars 1915 au cours de plusieurs réunions du Comité central unioniste de l’empire Ottoman. Elle fait suite à un projet « d’homogénéisation ethnique de l’Asie Mineure ». Il y avait eu comme une répétition de tout cela, un genre de « rehearsal », avec un premier massacre, en 1895, perpétré avec l’appui d’escadrons de Kurdes hamidiye. Un banc d’essai au prix fort puisqu’il est estimé qu’entre 80 et 300.000 Arméniens n’y ont pas survécu.
Cette image d’un enfant agonisant en 1916 s’insère dans une scénographie qui laisse les visiteurs muets. Ceux qui parlent le font à voix basse. A l’époque le mot génocide n’existait pas mais cette exposition nous donne à connaître un autre vocabulaire glaçant comme les « sites- abattoirs » gérés par une organisation spéciale. Ils sont partie intégrante d’une planification comprenant l’élimination des conscrits, des élites, des hommes adultes, la déportation des femmes et des enfants et enfin l’internement des survivants dans des camps de concentration du désert syrien. Les deux principaux « sites-abattoirs » se situaient dans des gorges, celui de Kernah et celui de Kahta. Des centaines de milliers de personnes y ont laissé leur vie.
Sans image, on le sait bien, toute guerre est abstraite. Et tous ces visages arméniens en péril nous regardent. Leurs yeux sont fixés par l’objectif et ce faisant nous interpellent. Dans la deuxième partie de l’exposition il y a un mur dont un procédé interactif fait que les visages changent en un panorama hypnotique. Lui puis elle, elle après lui, il est difficile de s’en détacher.
Cette manifestation, qui a pu voir le jour grâce aux prêts de la bibliothèque Nubar à Erevan (la capitale de l’Arménie actuelle c’est à dire réduite), comporte une seconde partie consacrée à l’exode des Arméniens. Elle nous raconte l’éparpillement de cette population au Proche-Orient, en Grèce et notamment en France, via Marseille et jusqu’à Paris.
Un génocide c’est comme un big bang. Bien après la déflagration il continue d’émettre. Lorsque l’on croise un homme d’origine arménienne dans les rues de Marseille, de Vienne, de Lyon, d’Alfortville, il est encore la projection d’une catastrophe que l’on ne saurait oublier.
PHB
PS: Dans un hors-série toujours disponible en kiosques, le magazine Marianne raconte l’histoire de ces Arméniens qui font maintenant partie d’une « histoire française« .
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Comment arriver à vivre avec ces souvenirs, pour ceux qui sont encore en Vie et qui ont connu ces atrocités.
Comment oublier la souffrance de Grand’Mères, qui au péril de leurs vies, ont porté et supporté, sœurs, Mères, Filles, Fils, de villages Armeniens, dont les massacres abominables, les ont obligé à s’enfuir, marcher des centaines de km, pieds nus ou enveloppés dans des haillons, la peur au ventre, le ventre vide, la soif insupportable, jusqu’à ce qu’ils meurent en route, ou trouvent la force et le courage, d’aller en Grèce, ou ailleurs, mais luttant pour arriver en France et faire de leurs souffrances un espoir de Vie pour ceux qui restaient. Dans ma belle-famille, les hommes, ont lors de la Guerre de 40, honoré la France en résistant et se battant pour Elle pour que la France soit Libre et retrouve son honneur. Décorés pour leur courage et leurs faits de guerre, ils ont donné à notre pays, des enfants qui portent avec fierté, le nom de FRANCAIS!