Prororoca, une chorégraphie droit sortie des Favélas de Rio

Lia Rodrigues est une chorégraphe brésilienne militante dans l’âme. Elle mène depuis quelques années une expérience inédite avec une institution sociale – le CEASM (centre d’études et d’actions solidaires de la Maré) dans un quartier très pauvre de Rio de Janeiro.  Résultat : lorsqu’elle met en scène 11 interprètes dans Pororoca, présenté au festival de danse contemporaine Ardanthe, le 8 février dernier, à Vanves, elle signe un spectacle  engagé, mordant et énergique. Pororoca signifie «rugissement» dans  la langue des indigènes brésiliens. Il renvoie au phénomène naturel produit par la confrontation des eaux du fleuve avec celles de l’océan, qui se manifeste au Brésil à l’embouchure du fleuve Amazone.

L’entrée sur scène des danseurs donnent le ton : ils arrivent en courant, en shorts et teeshirts colorés usés, balançant des chaises et des papiers par terre et s’arrêtant brutalement. D’emblée, ils nous embarquent avec eux  au cœur des favélas, formant par moment une grande vague humaine -fragile et violente à la fois, avançant, reculant, feignant de se cogner contre le roc. Avec un naturel et un humour décapant, ils miment les macaques, imitant leurs cris et leurs pulsions. Comme dans cette scène extraordinaire où les hommes et les femmes se reniflent, se rapprochent, jusqu’à l’accouplement. In fine, on est dans la jungle, très loin de chez nous, habités par le même instinct de survie.

 

Théâtre de Vanves