Eparses

Les Taaf en timbres. Photo: Les Soirées de ParisSans savoir précisément pourquoi, elles nous font rêver. Les lointaines Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) nous font de l’oeil depuis l’océan indien, des Glorieuses au nord de Madagascar au climat tropical jusqu’au grand frais polaire avec les Kerguelen et autres Crozet. On en parle si rarement qu’il serait dommage de dédaigner l’exposition qui leur est consacrée au sein du merveilleux palais de la Porte Dorée.

On n’ose parler de scénographie pour cette manifestation à usage exclusivement pédagogique. Les accrochages ne sont pas luxueux, ce sont des fiches géantes au ton un peu promotionnel et conçues pour renseigner. Quant aux deux films qui sont projetés, faute sans doute d’avoir été tournés en très haute définition, ils trahissent la présence des millions de pixels qui les assemblent. Dans les vagues de l’océan indien, l’effet est insolite.

Tout cela ne fait pas défaut tellement notre soif de visiteur trouve à s’étancher à cette source provisoire (jusqu’en juin) d’informations. Les Taaf sont notamment composées des Eparses, soit un certain nombre d’îlots que le Général de Gaulle au moment de donner son indépendance à Madagascar a fait conserver dans le giron de la République. Ces micro-territoires ont leurs petites histoires faites de pêches, d’échouages et de drames. Une piste d’aviation de la taille d’un spot pour patins à roulettes, une station météo ou de recherche, quelques tombes oubliées caractérisent avec des variations des Iles comme les Glorieuses, Tromelin, Juan de Nova, Europa, Bassas da India, qui sonnent comme autant de stations de métro exotiques.

Illustration: Les Soirées de Paris

Illustration: Les Soirées de Paris

Plus à l’ouest et davantage vers le sud se trouvent, du plus chaud au plus froid, Saint-Paul, Amsterdam, Kerguelen ou Crozet, territoires volcaniques, sauvages, ou les hommes ont laissé des traces vivantes comme les chats ou les rats, des structures de dépeçage de baleines dont la population locale a été proprement décimée et aussi des bâtiments actuellement habitées par des communautés de chercheurs qui s’acharnent à comprendre et transformer ces aîtres en bunker écologique pour le meilleur profit des colonies de manchots et plus globalement de la faune environnante.

Un des deux films nous montrent que les visiteurs sont même invités à emprunter des caillebotis pour éviter toute empreinte, consacrant un peu abusivement l’homme dans une sorte d’illégitimité artificielle. L’île Amsterdam est vantée comme disposant de l’air « le plus pur du monde ». Il est donc recommandé de la visiter avec des dosettes de fines particules à inhaler si l’on ne veut pas étouffer.

La France dispose pour la mission qu’elle s’est assignée d’un navire de liaison. Le Marion Dufresne, vaste nef à tout faire, qui dessert ces territoires éloignés comme une ligne de bus de l’extrême, depuis la Terre Adélie au sud jusqu’aux Glorieuses au nord. Tout cela contribue à conférer à notre pays la deuxième place en surface maritime après les Etats-Unis avec pas moins de onze millions de kilomètres carrés soit approximativement vingt deux fois l’hexagone.

Il est bon de savoir que cet ensemble existe bien qu’il ne soit accessible qu’à des privilégiés. Ces îles sont surprotégées certes, mais vu notre dette à l’égard de beaucoup d’espèces, c’était bien le moins que nous pouvions faire.

La carte des Taaf présentée à l'exposition. Photo: LSDP

La carte des Taaf présentée à l’exposition. Photo: LSDP

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3 réponses à Eparses

  1. person philippe dit :

    Voilà des renseignements utiles pour qui veut gagner un « Super banco » au Jeu des Mille euros ! Merci, Philippe. Si je gagne à un jeu radiophonique ou à un quizz télé grâce à vous, je ne serai pas un ingrat !

  2. Benoît dit :

    « C’est loin mais c’est beau », les îles … merci Philippe

  3. de FOS dit :

    Merci pour ce beau voyage…

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