Cela fait près de deux ans que Les Soirées de Paris ont pris fait et cause pour l’intégrité des jardins des serres d’Auteuil. Le stade Roland Garros ainsi que la Fédération française de tennis (FFT) veulent en effet y bétonner un stade de 5000 places dans le cadre de leurs projets d’extension. L’affaire semblait malheureusement cuite pour les promeneurs et milliers d’opposants, jusqu’à ce qu’un nouveau rapport vienne depuis cette semaine rebattre les cartes.
Depuis quelques dizaines d’années, le tournoi de Roland Garros se déroulait chaque année sans problèmes ni nuisances, sur une superficie maîtrisée. Mais en 2011, l’envie prend à la FFT de s’annexer un morceau des jardins des serres d’Auteuil pour y construire un stade tout neuf. Un deal se noue assez rapidement avec la mairie de Paris. L’opposition s’organise et un tribunal administratif viendra dénoncer la convention, inéquitable à quelques égards semble-t-il, obligeant les deux parties à signer une nouvelle convention.
Les défenseurs de ce joli jardin, malgré leur détermination, ne feront pas le poids face aux intérêts croisés de la FFT et de la mairie de Paris. Alignant des arguments souvent spécieux et une enquête publique extraordinairement favorable au projet, les tenants de l’extension avaient l’avantage. La livraison du stade est programmée pour 2019 avec les doux va-et-vient des tractopelles en fond sonore d’ici-là.
Jusqu’à ce que le ministère de l’écologie publie cette semaine un contre-rapport d’experts assez habile dans la mesure où il ne remet pas en cause le projet d’extension mais valide techniquement la suggestion consistant à couvrir l’autoroute A13 voisine en y installant non pas un mais deux courts. L’idée, sur le papier en tout cas, ne pourrait faire que des heureux contrairement au projet qui ne faisait pas, loin s’en faut, consensus.
Il se trouve que la ministre de l’Ecologie, qui a déjà retoqué il y a peu, le décret passablement liberticide interdisant aux franciliens de faire du feu dans leurs cheminées, a un pouvoir de décision sur cette affaire dont elle compte user. Les jardins ne sont certes pas encore sauvés mais ils ont trouvé une alliée suffisamment forte pour se faire entendre.
Je croyais que la mairie était du côté de la nature. Ce qui n’empêche pas d’aimer le tennis. S.