Vibrations chromatiques à la galerie Perrotin

Oeuvre de Jesus Rafael Soto. Photo: Les Soirées de ParisSes œuvres font littéralement de l’œil aux visiteurs qui font un pas de côté pour varier les angles et les effets sinon les plaisirs. A la fois peintures et sculptures, les réalisations de Jesus Rafael Soto (1923-2005) s’exposent à la galerie Perrotin. Les signaux optiques qu’elles nous adressent sont singulièrement ceux des années soixante. Ceux d’un monde épris de modernité qui débutait dans l’informatique.

 

C’est notamment le cas de « Muro azul, negro y plata », réalisé en 1966 et dont la modernité n’a pas cédé un centimètre. On le croirait fait d’hier. Du temps des sixties, l’expression moderne trouva à s’épanouir dans de fines figures géométriques, subtilement colorées et juxtaposées de façon à produire un scintillement que l’on ne peut pas restituer en photo comme le faisait remarquer un visiteur. Elle nous parle encore d’une époque ou IBM s’apprêtait à dominer le monde et l’on sait ce est qu’il advenu de cette marque escamotée de nos jours en notoriété par Microsoft, Apple, et autres Google. Mais de Soto s’est maintenu, lui.

Cette exposition baptisée Chronochrome a la particularité d’être présentée à la fois à Paris et à New York. Elle met en avant ce peintre Vénézuélien à travers une soixantaine d’œuvres conçues entre 1957 et 2003 en provenance de collections privées et de musées. Son travail est décrit sous l’influence de différents artistes comme Piet Mondrian avec son néo-plasticisme et des théories de Laszlo Moholy-Nagy sur la lumière et la transparence.

Détail d'une oeuvre de Jesus Rafael Soto. Photo: LSDP

Détail d’une oeuvre de Jesus Rafael Soto. Photo: LSDP

Peu importe du reste, tellement Jesus Rafael Soto a fait sien un art de l’illusion via un savant et méticuleux travail additionnant les couleurs ou jouant de la bichromie sur trois dimensions. Ceux qui le découvrent ne manquent pas d’être fascinés par la pérennité de son travail, notamment en début de parcours par ce « cube de Paris » qui s’impose à lui seul dans une pièce comme s’il s’agissait de l’esprit de la modernité en personne.

Certaines œuvres sont en apparence plus inertes mais elles sont plus agréables à contempler tant le scintillement voulu par les autres peut s’avérer finalement gênant pour nos cerveaux peu habitués par ces micro-flashs sciemment prémédités. Son « Duomo centro rosso », posé à terre, semble un monstre vivant, aussi fascinant que perturbant et d’une certaine façon hypnotique.

Que son travail soit considéré dans son ensemble où dans le détail, il nous attrape pour ne plus nous lâcher. Le commissaire de l’exposition Matthieu nous dit qu’il s’agit d’une « expérience psycho-physiologique (…) de l’apesanteur qui est en jeu, au sein d’un univers traversé de forces non-euclidiennes, autrement dit échappant à l’appréhension rationnelle ».

Pour cérébrales qu’elles soient, les œuvres de Jesus Rafael Soto imposent le détour par le 76 rue de Turenne et ce jusqu’au 28 février. Elles relèvent d’une expérience au sens où on l’entendait dans les années psychédéliques et dans la mesure où elles interpellent directement des zones peu sollicitées de notre champ de conscience.

Galerie Perrotin

"Muro azul, negro y plata". Oeuvre de Jesus Rafael Soto. Photo: LSDP

« Muro azul, negro y plata ». Oeuvre de Jesus Rafael Soto. Photo: LSDP

 

 

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3 réponses à Vibrations chromatiques à la galerie Perrotin

  1. person philippe dit :

    Je ne sais pas ce qu’il faut penser de cette expo, mais si vous êtes rue de Turenne… à 6 numéros de cette galerie, il y a une église… Une église déserte la plupart du temps… Donc, dans la pénombre. Si vous trouvez le bouton de la lumière, n’hésitez pas… Car il y a là une merveille : un tableau de Delacroix… Une pieta que Baudelaire considérait à juste titre comme un chef d’oeuvre…
    La toile est dans une chapelle et elle vaut le déplacement à Saint Denys du Sacrement…

  2. de FOS dit :

    Je trouve là deux belles raisons de gagner la rue de Turenne, merci !

  3. Anne Archen Bernardin dit :

    Avec un œil particulier, je découvre ces œuvres très géométriques et jouant sur les trois dimensions de l’espace… La géologue un peu attirée par les systèmes cristallins naturels y voie aussi ce que l’on appelle un fantôme… C’est à dire que certains cristaux dont les quartz, vous savez, ces jolis cristaux de roches, peuvent contenir les restes de cristallisation antérieures abîmées et incomplètes. Comme un vieux souvenir qui traine dans notre mémoire, et qui nous soutient, l’air de rien, … Le fantôme d’un passé presque effacé mais pas totalement…Ici les couleurs fusent et les symétries claquent. C’est un feu d’artifice de géométrie parfaite… Une petite douceur pour le géomètre avec corde à sept noeuds en balade intemporelle…

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