Le Comptoir général ? Cela fait plus de deux ans que le nom de cet endroit tendance, ferré au quai de Jemmapes, est sur toutes les lèvres.
Le mot « tendance » et l’agglutinement de bobos qu’il draine dans son sillage vous hérissent et vous font immédiatement prendre la tangente ? Bienvenue au club ! Et pourtant là, avouons que par un bel après-midi automnal la séduction de ce cabinet de curiosités exotique a opéré à plein et qu’on a trouvé le Comptoir « trop cool ».
L’entrée de cet ancien entrepôt décati, en retrait de l’effervescence du quai, ne paye pas de mine. La suite n’est pas plus engageante. La porte passée, dans le couloir sombre décoré de photos qui sentent la Françafrique à plein nez, on peut se demander où on a débarqué. Renseignement pris, le couloir c’est le petit musée de la Françafrique, dont l’objectif est simplement de débanaliser cette tache de l’Histoire française.
Au bout du couloir, on en prend plein les yeux. Tout à coup, on est loin de la ville et de sa fureur tapageuse. Deux grandes salles-verrières lumineuses, un jardin intérieur arboré et une mezzanine forment un antre cosy de 600 m2, inattendu à Paris. Espaces ouverts traversés de poutres, murs déripolinés avec art, éclectisme de la déco faite d’un bric-à-brac savant d’objets et de meubles chinés, coins de verdure : le charme opère sans vergogne. Il ne reste plus qu’à s’écraser mollement dans le moelleux des grands sofas et fauteuils fatigués en sirotant un cocktail ou une bière au son d’une musique d’ambiance douce.
Mais on peut aussi poursuivre l’exploration au-delà du bar car le Comptoir général tient de la cour des miracles. Friperie et vêtements africains de créateurs sur la mezzanine, magasin de vieux jouets, radio-disquaire, ciné-brousse avec projection de films sur la culture ghetto le dimanche soir, cantine façon street-food au goût d’ailleurs, salon de coiffure, boutique-brocante, les attractions ne manquent pas.
Le Comptoir général est en effet un musée dédié à « l’art du ghetto » qu’il définit comme toutes ces cultures marginalisées et exotiques qui fleurissent sans moyens sur notre planète et surtout sur le sol africain. En tant que fondation, sa mission est de les soutenir et les représenter à travers ses activités artistiques et solidaires auxquelles ses bénéfices sont reversés. En semaine les espaces du Comptoir général peuvent être loués par des entreprises et organisations si elles montrent patte blanche en matière d’environnement, solidarité, et ouverture au monde.
A l’origine du Comptoir, une société immobilière, Commerce Développement, qui a flairé le terrain et qui donne dans le social business. Autrement dit un promoteur qui se fait fort d’ajouter une dimension de développement social et humain à celle de développement immobilier. Les mères Teresa de la pierre, ça existe donc encore ? Cela relève du miracle et surtout le long du canal Saint-Martin !
Le Comptoir général – 80 quai de Jemmapes, 75010 Paris – Ouvert tous les jours de 11:00 à 1:00 – Entrée sur donation reversée à la fondation. Brunch 22 euros le dimanche, cocktails et boissons à prix modéré.
Très jolies photos illustrant un texte qui donne l’envie de pousser la porte !