Mon Dieu faites que l’entrée soit gratuite. Non inutile de prier, elle l’est. L’exposition « Faites vos voeux »vient d’ouvrir ses portes au Musée de Montparnasse, occupé par le Musée de la Poste qui se dépanne là-bas en attendant que ses propres locaux soient rénovés. La thématique choisie jusqu’au 3 janvier porte sur les ex-voto, ces mots gravés dans les églises (1), le plus souvent pour remercier un intermédiaire d’être intervenu en faveur de l’auteur ou de ses proches.
Au sein de cette bien agréable petite impasse nichée à deux pas de la Tour Montparnasse, l’exposition qui nous est donnée à voir est divisée en deux. Il y a d’une part une présentation d’ex-voto traditionnels et d’autre part carte blanche a été donnée sur le thème votif à des artistes contemporains. S’y ajoute une salle où il est possible d’émettre soi-même un vœu sous forme de post-it à fixer sur un un mur ou bien à glisser dans une boîte aux lettres dorée prévue à cet effet.
On ne peut qu’être touché par ces vieux ex-voto peints au Mexique ou en Italie. Naïfs mais plein de piété, ils figurent une femme esseulée, une scène maritime qui appelle sans doute à la protection du pêcheur parti en mer et d’autres cas de figure dont la simplicité désarmante nous hameçonne facilement.
A une époque où les cellules de soutien psychologique n’existaient pas, l’église était bien le seul recours et en même temps le seul médium à même de diriger une requête à l’attention de personnages supposés intervenir. Les remerciements que l’on a toujours dans nos églises sont là pour pour nous montrer qu’avec un peu de foi, un burin et du marbre à graver, on pouvait obtenir quelque chose, de la grâce au bingo et jusqu’au miracle susceptible de rendre ses jambes à un pépé depuis longtemps paralysé.
Les treize artistes modernes à qui il a été demandé de bûcher sur le sujet, ont plus ou moins joué le jeu et les œuvres de ceux qui ont respecté le « brief » sont sans doute parmi les plus intéressantes. Drôle notamment est ce tableau de Coco Fronsac, composé de dizaines de micro-peintures évoquant Saint-Picasso, Sainte-Barbie ou Saint-Bill Gates, il est aussi assez fin puisque respectant la figuration naïve du genre en vigueur il y a un moment.
Parfois le message est dilué dans une exécution qui se veut par trop contemporaine au sens hermétique du terme, à moins que certains se soient contentés d’effleurer le sujet tout en profitant de la commande pour exposer leur art. Cette expo va donc du plus clair au plus conceptuel et nous visiteurs avant de sortir avons tendance à repartir au plus clair, c’est à dire vers le début. Chacun se déterminera en fonction de ses goûts ou de sa détermination à percer les secrets de l’expression moderne.
Puisque nous y sommes invités par le Musée de la Poste, il serait bête de ne pas laisser un vœu, car on ne sait jamais, c’est le principe suprême du fonctionnement votif. Sachez que les saints les plus connus comme Saint-Antoine de Padoue ou encore Sainte-Rita, sans parler de Sainte-Thérèse ou pire encore de la Sainte-Vierge, sont un peu débordés par des sollicitations si nombreuses que les messages qu’ils reçoivent sont pris pour des spams, bons pour faire « concile » dans la boîte des indésirables.
Or, il a été communiqué aux Soirées de Paris qu’un dossier de canonisation était en souffrance au Vatican. Il s’agit de Sœur Marie-Gertrude, une religieuse missionnaire décédée en 1905. Elle a été déclarée vénérable puis bienheureuse (béatification) et c’est le tuyau, on n’attend plus qu’un miracle de sa part pour qu’elle rejoigne enfin le cénacle des saints. Si vous lecteur, la saisissez d’une demande supérieure à une simple grâce et que le miracle se produit, transmettez-donc le résultat aux Soirées de Paris, nous avons le contact. (21 avenue du Maine, jusqu’au 3 janvier)
Il y a des centaines de dossiers en souffrance au Vatican mais les chemins de la béatification sont obscurs. lobbyistes ne pas s abstenir…