La volonté municipale d’étendre à Paris un « réseau écologique de zones humides » fait que l’on assiste ces dernières années à la création de mares dans les squares de la capitale. Un projet bien innocent tout autant que fascinant et qui vaut bien mieux, pour bien moins cher, que l’implantation brutale d’un stade de tennis dans les jardins des serres d’Auteuil. L’une des plus remarquables de ces pièces d’eau se situe dans le jardin naturel Pierre-Emmanuel créé en 1995 au pied de l’enceinte du Père Lachaise.
Dans ce jardin labellisé 100% écologique, pour qui s’arme de patience, il est possible d’y observer une faune de grenouilles et de tritons. Toujours en mal d’un peu de rural, le citadin s’en voit rasséréné. Et même instruit puisqu’une profusion de panneaux pédagogiques lui explique comment se tenir correctement face à un écosystème fragile. Il ne doit pas en effet y faire de prélèvements d’animaux et encore moins en introduire tels, est-il précisé, que des poissons rouges ou tortues aquatiques. Néanmoins, si ce promeneur se réfère à l’ère tertiaire soit trente millions d’années avant les parigots, il serait fondé à penser le contraire puisqu’à cette époque où la mer recouvrait l’île de France, période elle aussi 100% écologique, les tortues marines barbotaient à l’aise au milieu de différentes espèces de requins et mammifères marins variés. C’est là une des vertus de ces mares réintroduites, que de donner à réfléchir.
Ce tout petit jardin est un monde sauvage miniature. A ce titre il a en outre la chance de voir ses herbes fauchées et non tondues. Il faudra bien que l’on nous explique un jour en mettant de côté la langue de bois ou les arguments spécieux, comment se fait-il que les jardins parisiens soient encore entretenus avec des tondeuses à moteur ou des ventilateurs à feuilles mortes qui ruinent des heures durant, des lieux supposés protéger la tranquillité de ses usagers. Du temps de Le Nôtre, il y avait rappelons-le, quelques jardins pas vilains dont l’entretien mécanique s’opérait à la force des bras et des jambes ce qui faisait que dans le même temps l’on pouvait sans crainte flatter la harpe ou l’épinette.
C’est un des charmes de Paris en tout cas que d’offrir à celui qui passe un havre où se mêlent sans soucis de cohabitation, différentes catégories socioprofessionnelles. La furie urbaine s’arrête spontanément aux portillons des squares et chacun, du col blanc au sans domicile fixe, de la jeune mère au couple clandestin, peut y vaquer à l’aise.
Et il vrai que les meilleurs jardins ont leur pièce d’eau ou à tout le moins une fontaine. Que l’époque préfère la mare au bassin peu importe au fond, chaque génération d’édiles a ses toquades. Du reste, les régates de bateaux miniatures se font rares à Paris et l’on se distraira sans doute à surprendre les grenouilles coassant à qui mieux mieux dans leur nouveau réseau (social) qui compte environ une trentaine de mares.
Post-scriptum : à celui qui serait déçu de ne point voir de grenouilles, car ce serait admettons l’heure de la ponte ou de l’apéro à mouches apprécié des batraciens, on peut suggérer ceci, bien connu des vieux gamins de la campagne. Il faut prendre une balle de ping-pong et la colorer d’un beau rouge vif. Après l’avoir amarrée à une ficelle, il convient ensuite de la laisser flotter au milieu de la pièce d’eau. Si tout se passe bien, cela provoque dans les minutes qui viennent une réunion de grenouilles autour du point rouge. De quoi bien rire sans nuire à l’éco-système.
Super article permettant d’en apprendre d’avantages sur les réseaux sociaux
Fréquence grenouilles, j’écoute!!
Vertébrés à peau nue du soir, bonsoir!!
Alerte en Europe: les espaces humides disparaissent et sont remplacés par des routes goudronnées, des lotissements( oh, ils sont en zones humides et souvent inondables… Quelle surprise!!… Se moque-t-on du monde!)
Et nos petites bestioles, Grenouilles et Crapauds, Salamandres et Tritons crêtés, de prendre tristement leurs valises et de se réfugier où ils peuvent…
Comment va pouvoir se retransformer le prince Crapaud des contes de mon enfance s’il ne peut rencontrer sa princesse et sa balle dorée?
Mes élèves qui connaissaient moins bien les contes que leurs cours sur la respiration dans l’eau m’ont fait passer de grands moments… Il faut bien se motiver quand les paquets de copies s’accumulent soudain en fin de semaine, sur le coin du bureau! Question naïve: pourquoi les grenouilles s’envasent-elles en automne? Réponses charmantes proposées: elles glissent dans la vase et ne pouvant pas rien faire d’autre, elles restent là et attendent le printemps!! Ou, elles ne veulent pas abandonner leurs petits et restent avec eux jusqu’au printemps!! Les bonnes bêtes, non!!! La réponse attendue en rapport avec la respiration cutanée de ces bestioles vaudra un tour en forêt de Chambord, au printemps. On y rencontrera Crapauds et Grenouilles, Triton et Salamandre, couronnée ou pas… Salut, François, chasseur et bâtisseur visionnaire, hôte de Léonard da Vinci…
Saut dans la mare…
Annnnnnnnn