Quand au 12ième siècle Philippe Auguste fait construire une enceinte destinée à protéger les habitants, il agit en son âme et conscience et au nom de l’intérêt général. Depuis toujours, édiles et urbanistes savent ce qui bon pour leur administrés. Il y a bien quelques ébauches de concertation de nos jours mais c’est souvent façon d’habiller un futur fait accompli dûment prémédité. Au Pavillon de l’arsenal se tient jusqu’au 5 octobre une exposition des plus intéressantes qui se penche notamment sur les fameux « grands ensembles ».
Baptisée « Un monde parfait » cette exposition provisoire s’inscrit parfaitement dans la collection permanente du pavillon qui met en scène sur les murs du rez-de-chaussée l’évolution de la capitale parisienne depuis les temps anciens.
« Un monde parfait » cèle un groupe sculptural qui nous présente dès l’entrée du pavillon, des copies inspirées de la Cité des 4000 à La Courneuve (1954/1964), le quartier Pablo Picasso à Nanterre (1972/1978) et la cité Les Orgues de Flandres dans le dix neuvième arrondissement de Paris (1973/1980).
Ces belles miniatures à hauteur d’homme font un peu termitières mais ce serait faire injure à leurs habitants actuels que de prolonger la comparaison. Comme ils ont pu en effet, les locataires de ces grands ensembles, ont progressivement humanisé ces structures à bien des égards désespérantes. Certaines ont même été détruites des années après alors qu’elles avaient fini par être assimilées par ce que l’on appelle le tissu urbain. Mais le politiquement correct continue de faire ses ravages et telle barre n’a désormais plus cours au même titre qu’un lotissement pavillonnaire vanté autrefois pour sa conception humaine qui se voit aujourd’hui dénoncé par ce qu’il implique en déplacements automobiles insultants pour le climat.
Cette exposition nourrit notre réflexion en embrassant tout à la fois le passé, le présent et l’avenir. Conjugué au présent l’urbanisme parisien peut aujourd’hui se visiter au nord-est de la capitale avec la métamorphose d’un quartier géant qui s’étend globalement de la porte de Pantin à la Porte d’Aubervilliers voire de La Chapelle. Le mieux étant de faire le parcours à l’aide du tramway tout neuf. La rame sinue sur un parcours comprenant notamment la rénovation du quartier Mac Donald dont on peut apercevoir l’impressionnante maquette au Pavillon de l’Arsenal.
De sinistre auparavant, ce très grand quartier est devenu moderne et même agréable sous réserve d’être davantage fréquenté, avec ses logements, ses espaces verts, son imposant cinéma ainsi que les sièges ou succursales des sociétés qui s’y implantent. Il est encore bien trop tôt pour spéculer sur une réussite, mais il est permis de l’espérer eu égard à d’autres exemples récents, comme la ZAC Paris Rive Gauche qui semble plutôt bien fonctionner.
Tandis qu’il reste ça et là quelques bouts des remparts voulus par Philippe Auguste, on serait curieux de connaître, dans huit siècles, ce qu’il restera de ces années d’après-guerre. Compte tenu du fait que pas mal d’habitats autrefois populaires à Paris s’enlèvent désormais à prix d’or avec leur cachet composé de poutres apparentes et sols en tomettes d’époque, il serait quand même piquant qu’un jour ces grands ensembles soient investis à prix d’or par nos futures élites.