C’est ainsi : le dernier numéro des Soirées de Paris paru il y a tout juste cent ans, est l’un des plus riches, l’un des plus réussis de la deuxième série. Le sommaire de ce numéro double (26 & 27) s’affiche copieux en textes et en illustrations. Le casting est effervescent avec des reproductions de Maurice de Vlaminck, Fernand Léger, Marius de Zayas, ainsi que les fameux idéogrammes de Guillaume Apollinaire qui apparaissent pour la seconde fois. Max Jacob, Blaise Cendrars, Mireille Havet, Roch Grey, Léopold Survage, Maurice Raynal et bien d’autres y apportent leur concours avec des textes variés, parfois en anglais.
C’était le dernier parce que le premier août 1914 la France s’engageait dans une guerre qui allait mettre fin à cette aventure de presse joyeuse autant que créative et récréative. Certains collaborateurs des Soirées de Paris gagneront le Front et d’aucuns ne reviendront pas, comme René Dalize, ou y perdront un bras tel Blaise Cendrars. Au Bois des Buttes, Guillaume Apollinaire sera également touché par un éclat d’obus alors qu’il était absorbé par la lecture du Mercure de France. Les participants de ce dernier numéro ignoraient encore que les fêtes qui se tenaient à la rédaction du 278 BD Raspail ne s’y dérouleraient plus avec le concours des principaux mécènes de la revue, Serge Férat et la Baronne d’Oettingen.
Toutefois cet élan se retrouvera en 1915 à New York. Francis Picabia, Marcel Duchamp (1) et Man Ray, inspirés par Les Soirées de Paris, fondent en effet dans la ville américaine une brillante revue d’avant-garde, merveilleusement maquettée : 291. Elle deviendra l’année suivante 391, cette fois dans la ville de Barcelone.
Mais le ressort des Soirées est cassé pour longtemps. Revenu du Front, Apollinaire tentera de relancer la revue sans y arriver. Le numéro 28 devait être consacré à son ami Serge Férat, peintre cubiste, qui soigna l’écrivain pendant la guerre. Un projet de maison d’édition était également dans l’air dont il faudra bien, entre parenthèses, qu’il aboutisse un jour prochain. Seule une exposition, dévolue à Irène Lagut et Léopold Survage, vit le jour aux couleurs des Soirées de Paris en janvier 1917.
Si Guillaume Apollinaire avait survécu à la guerre, il allait en revanche être définitivement abattu, deux jours avant l’Armistice, par la pandémie de grippe espagnole qui déferlera sur le monde entre 1914 et 1918 et qui fera plusieurs dizaines de millions de morts. Les Soirées de Paris, revue d’avant-garde, entrera alors dans une bien longue narcose jusqu’au 15 octobre 2010.
Ce dernier numéro de juillet 1914 avait été conçu normalement, avec la fièvre habituelle, comme s’il y en avait encore eu cent devant à paraître. Chez son imprimeur Snegaroff dont l’étroit local était situé non loin de la place Denfert-Rochereau, Apollinaire avait peut-être, comme à son habitude, fait faire et refaire les épreuves jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant, donnant même l’impression qu’il pourrait éventuellement tout casser selon une habitude dont son ami Jean Mollet s’est déclaré le témoin. Snegaroff tentait de préserver ses nerfs.
Cette ultime édition avait été élaborée normalement car, contrairement à l’idée répandue qui voudrait que l’on vive en effet comme si on allait mourir séance tenante, tout comme si cet article était le dernier, il vaut mieux vivre dans l’idée que l’on a un peu de temps devant soi. L’inverse n’a pas de sens et peut dégénérer en mort rapide des suites (rares) d’une frénésie comportementale. La prochaine publication est attendue le 18 août, bonnes vacances à tous.
Bonnes vacances aux Soirées de Paris qui savent si bien nous apporter notre dose quotidienne de rêve, d’évasion et d’imagination. Vivement le 18 août… et pardon à ceux qui, savourant leur repos estival bien mérité, ne sont pas aussi impatients de voir venir ce 18 août.
Qu’est ce vous pouvez être tarte, tout de même: merci pour le soirées parisiennes coincées! Y a bien mieux à faire sur le net que dérouler ces insipides propos faussement érudits. Vivement les tranchées Cocorico de province.
Merci Robert, vous semblez en effet être un as des propos insipides. Good night, and good luck …
Hop là, wir leben!
Dada Cologne ne pue pas votre eau de Paris. Votre nuit, et vos prochaines soirées risquent d’être animées. Vive Spartakus et le nouveau KAPD/RFA Baader!
Faites gaffe quand même Robert avec le soleil, mettez un petit bob ça ira mieux …