Quand il était en panne de drogue il avait appris à faire comme les autres habitués du lieu. Il se rendait aux toilettes et récupérait la poussière de poudre sur le couvercles des toilettes. Dans son roman « Les vrais paradis » François Jonquet privilégie les détails, laissant au lecteur le soin de bâtir un contexte à l’épure plus nette. Pas facile.
Alors que s’achèvent les années soixante dix, un jeune homme se fait happer par les nuits et le milieu du Palace, l’antre des plus folles fêtes parisiennes. On aurait pu apprécier une description balzacienne de ce lieu mais François Jonquet a préféré la « tendance floue » prenant le risque de lasser le lecteur ou de le laisser un peu sur sa faim.
Mais finalement il est possible de s’accrocher. D’une part pour ceux qui ne fréquentaient pas le Palace mais qui avaient eu des échos et toujours nourri une curiosité pour ce lieu réputé sulfureux, fréquenté par des célébrités. D’autre part, mais ce n’est qu’une supposition, pour les ex-habitués de ce club de la rue Montmartre qui trouveront là l’occasion de cultiver une nostalgie de la fête, du moins s’ils n’ont pas succombé au syndrome d’immunodéficience acquise, maladie dont l’intervention tragique correspond à peu près à la fin des années « Palace ».
Ces survivants ne s’étonneront pas de ce que l’auteur raconte, c’est à dire la narration de coucheries avec des femmes, des fausses femmes et des vrais hommes : « homme dans les bras d’une femme, femme dans les bras d’un homme, c’était si fou que je suis venu sans savoir où je commençais et où je finissais » écrit ainsi François Jonquet. Ils ne s’offusqueront pas non plus de la prise de stupéfiants comme autant de vitamines et des petits matins forcément blêmes où il est plus que temps de rentrer chez soi cacher son visage outragé par l’aube et effacer les bavures de rimmel.
Intox plutôt que détox, ce livre n’est pas un roman comme indiqué sur la couverture mais de toute évidence un récit naturellement dépourvu d’intrigue ce qui complique l’acclimatation au contenu sans pour autant la décourager. Edité chez Sabine Wespieser Editeur, l’ouvrage se distingue par sa belle maquette et un toucher de papier des plus sensuels.