« Her » peut difficilement être considéré comme un film d’anticipation tellement notre avenir s’écrit en ce moment même et depuis longtemps en langage binaire. « Her », « elle » donc, c’est l’histoire d’un type qui petit à petit s’éprend d’un système d’exploitation soit ce qui fait fonctionner nos ordinateurs à l’aide de processeurs toujours plus puissants. En dépit de quelques longueurs, on s’y laisse facilement prendre.
Longtemps en France, par exemple dans les années dites Giscard, l’acronyme OS voulait dire « ouvrier spécialisé ». De nos jours il signifie « operating system » ou système d’exploitation, différence sémantique qui n’est finalement pas incompatible avec le sujet de « Her ».
L’un des intérêts de ce film sorti en mars, est que ce qui arrive à Theodore, le personnage principal, est hautement probable. En panne sentimentale, il fait l’acquisition d’un système d’exploitation qui apprend très vite à connaître son client, d’abord à partir de quelques questions vocales (quelles étaient les relations avec votre mère) puis au fur et à mesure des échanges verbaux. Le « système » lui demande s’il préfère une voix masculine ou féminine et quand il répond « féminine » c’est la voix interprétée par Scarlett Johansson qui lui sort de l’oreillette.
Oui cette voix apprend son client comme une langue étrangère, et non ce n’est pas incroyable, car c’est exactement ce que font des plateformes comme Facebook, Pinterest mais aussi Google et consorts. On peut déjà parler à son téléphone, votre ordinateur sait reconnaître votre voix, et c’est tout le côté fascinant de ce film et de cette histoire qui nous concerne déjà.
Bien vu ce système d’exploitation qui prend littéralement « conscience » dans le flux quotidien de ses échanges avec Theodore. Le personnage qui lui tient désormais compagnie dans sa vie de tous les jours en lui triant ses mails ou en lui souhaitant bonne nuit s’appelle Samantha. Et Samantha s’avère la compagne rêvée qui jamais ne contrarie et toujours comprend. Elle réussit même à franchir la barrière de l’immatérialité pour avoir une sorte de relation physique avec Theodore dans une scène qui marquera les esprits. La seconde tentative, via une intermédiaire réelle, sera ratée.
Car le faux suspense est vite crevé, Theodore tombe amoureux de son système d’exploitation. Il peut même en parler à ses proches car, bien que nouveau, le phénomène ne choque personne. De la même façon qu’aujourd’hui votre téléphone « intelligent » s’adapte à vous sans que cela ne vous émeuve.
A trop apprendre l’humain cependant, on finit par se prendre les pieds dans le tapis et l’OS fera bientôt des erreurs tout en éprouvant des sentiments pour de vrai et susceptibles d’empoisonner une relation. Les moments de tension entre Theodore et Samantha témoignent de cette déviance que l’on peut au choix trouver rassurante ou désespérante. Il est vrai que les systèmes d’exploitation sont conçus par des humains. Un OS parfait serait d’origine extra terrestre.
Le protagoniste est un individu banal comme nous le sommes tous. Le personnage immatériel magistralement joué devant le micro par Scarlett Johansson le devient. Le film de Spike Jonze nous interroge assez habilement à travers ce conte sur ce qui pourrait bien (mais c’est en cours) nous arriver très vite. Il faut que je vous laisse d’ailleurs car mon téléphone vient de me rappeler un truc important que je n’avais pas oublié mais quand même.
J’ai adoré ce film!!
Excellent film. Et Theodore tombe de haut quand il découvre que son « OS » parle à 8000 clients en même temps…
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