Quand Picasso transfigurait la céramique

Image du film projeté sur Picasso et la céramique au musée de la Céramique. Photo: PHBUn aspect amusant quoique anecdotique de l’exposition sur les œuvres en céramique de Pablo Picasso au musée de Sèvres Cité de la Céramique, sont les micro gravures effectuées par des mains facétieuses sur le revêtement des fenêtres de la dernière salle. Ce n’est pas étonnant tant le génie affolant de l’artiste est contaminant. Toutes ces années après et quelque soit le matériau utilisé, Picasso force toujours l’admiration.

En 1946 et 1947, Picasso se rend à deux reprises à Vallauris, accompagné de sa femme Françoise, dans l’atelier de poterie Madoura, chez Suzanne et Georges Ramié. Pour lui c’est une découverte et dont il s’empare avec sa fringale créatrice intacte. Le couple lui aménage une partie de leur espace tout en lui enseignant les rudiments techniques du traitement de cette matière éminemment terrestre.

Voilà Picasso lâché. Il produira de très nombreuses pièces dont on peut notamment voir les matrices à côté des œuvres réalisées. Sa prolixité ne semble pas connaître de limites. Comme le commente dans le film de présentation Bruno Gaudichon l’un des deux commissaires de l’exposition, l’artiste espagnol ne fera pas spécifiquement de la céramique en ce sens qu’il s’affranchira rapidement des règles, mais il produira « du Picasso ».

Aspect de l'exposition au musée de la céramique. Photo: LSDP

Aspect de l’exposition sur Picasso à Sèvres Cité de la Céramique. Photo: LSDP

Quel bonheur pour le visiteur dans ce beau et à la fois tranquille musée qui borde la Seine en aval du Parc de Saint-Cloud. L’imagination astrale de Picasso déferle sur la terre cuite, faisant naître des personnages lunaires, parfois inspirés de l’antique ou de la tauromachie et toujours délicieusement déroutants, tant il savait métamorphoser ce qui aurait dû être une simple cruche, une banale assiette, un vase anonyme, en œuvre d’art irradiante.

L’art parfois trouve à s’épanouir dans le malheur ce qui, en l’occurrence n’est pas le cas. « Picasso », racontent les deux commissaires de l’exposition, est à cette époque « heureux et amoureux », sur les bords de la Méditerranée où il retrouve sa culture avec le bleu de la mer, du ciel, et jusqu’à la nourriture typée qui lui sied particulièrement.

C’est peut-être ce qui explique que cette exposition se parcourt avec autant de plaisir. On s’arrêtera devant cette série de petits hiboux au regard aussi sympathique étrange, animal dont il avait par ailleurs adopté un spécimen. On ne pourra que marquer un nouveau temps d’arrêt devant ces toujours extraordinaires représentations de Françoise Gilot puis de sa compagne suivante, Jacqueline. Il en faisait des déesses pour l’éternité et on aimerait beaucoup avoir un peu de son talent, pour transfigurer à notre tour, ceux et celles que l’on aime.

« Picasso céramiste et la Méditerranée » jusqu’au 19 mai

PS: Sur Picasso peignant la céramique on peut relire l’article de Gérard H.Goutierre à propos de DD Duncan, le photographe qui réalisa des milliers de clichés de l’artiste. On l’y voit notamment peignant une céramique. C’est par ici.

Dessin scratché avec mention "lol" à Sèvres Cité de la céramique, exposition Picasso. Photo: LSDP

Dessin scratché sur une fenêtre avec mention « lol » à Sèvres Cité de la Céramique, exposition Picasso. Photo: LSDP

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2 réponses à Quand Picasso transfigurait la céramique

  1. de FOS dit :

    Bel hommage pluridirectionnel !

  2. Marie J dit :

    Ce musée avec ou sans exposition Picasso vaut la peine du déplacement. Après l avoir visité, on a l impression d avoir profité d un instant privilégié et trop peu partagé

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