Avec 250.000 habitants, Rostock est aujourd’hui la métropole la plus importante de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (nord-est de l’Allemagne) et son centre économique. Pour déployer ses activités navales, la ville s’éparpille le long de l’embouchure de la rivière Warnow qui se jette dans la mer Baltique à 16 kilomètres de Rostock. Si son histoire commence au XIIIe siècle, c’est au XIVe et XVe s., en rejoignant la Hanse des marchands, que Rostock devient l’une des plus puissantes cités de la Baltique. La première université d’Europe du Nord y est fondée en 1419, lui valant le qualificatif de « Ville lumière ». Si l’éclat s’est terni avec le temps, la cité présente toujours de grands atouts. Presque entièrement détruite pendant la Seconde guerre, Rostock a été partiellement reconstruite sous la RDA. Il en est résulté un style architectural particulier, parfois trop rutilant pour les restaurations historiques, parfois unique et harmonieux comme celui de l’avenue Langestraße. La monumentalité de Langestraße, proche de l’université, frappe immédiatement. À l’instar de Karl-Marx-Allee à Berlin, cette avenue démesurée est symbolique de l’architecture vitrine de reconstruction de la RDA.
Mais ici, contrairement à Berlin, l’architecture, qui a su habilement marier le style hanséatique traditionnel en brique et le style socialiste, est élégante et très moderne. On pourrait même penser à un projet urbanistique récent! Walter Ulbricht en personne avait posé, en 1953, la première pierre du projet de reconstruction de Rostock -l’un des projets urbains les plus importants de RDA- suivant le modèle socialiste. Un modèle qui par sa taille devait glorifier l’État socialiste et exprimer la supériorité du nouvel ordre politique.
Une ville étonnante. Sa partie la plus ancienne se situe autour de la place de l’Alter Markt (vieux marché), vaste place banale, sans commerces et complètement déserte. Elle est dominée par l’église St-Pierre (XIVe s.) qui servait de repère aux marins grâce à sa tour de 117 mètres, détruite pendant la guerre. C’est la place du Neuer-Markt (nouveau marché) avec son Hôtel de ville trop rutilant qui constitue le cœur de Rostock. Immense, elle regroupe quelques anciennes maisons bourgeoises à pignon, des restaurants avec terrasse et l’église Marienkirsche, connue pour ses fonts baptismaux du XIIIe et son impressionnante horloge astronomique de 1472. À ne pas manquer à midi: « la procession des apôtres ». Le temps du carillon, ils sortent de l’horloge pour défiler devant Jésus qui les bénit, à l’exception de Judas qui se voit claquer la porte du ciel au nez sur le dernier coup de midi.
Au sortir de l’église, une animation joyeuse détonne le long de la Kröpelinerstraße, rue commerçante piétonne sur laquelle donne l’Université. Un trésor se cache à quelques pas: un magnifique couvent cistercien (Ste-Croix) du XIIIe s. qui abrite le musée d’art et d’histoire de la ville. Après sa visite, vous saurez tout sur le développement de la cité portuaire et ses personnages célèbres tel le maréchal von Blücher, originaire de Rostock, qui organisa, en 1815 avec la cavalerie prussienne, la défaite définitive de Napoléon à Waterloo. Le musée possède aussi une belle collection d’art sacré, de peintures hollandaises et ô surprise… d’art dégénéré dont il n’est fait publicité nulle part! Ce sont ainsi près de 150 pièces de premier ordre d’Otto Dix, Franz Marc, Kirchner, Klee, Pechstein, Feininger, Kokoschka … qui couvrent ses murs. Le marchand d’art Bernhard Boehmer qui frayait avec la gent nazie avait réussi à entrer en possession de plus de 1000 pièces d’art dégénéré saisies. Il s’est suicidé en absorbant une capsule de cyanure à l’approche de l’Armée rouge en 1945. Double punition: en 1947, les forces soviétiques ont contraint son héritier à offrir une partie de cette collection à Rostock.
Une ville éparpillée. On parcourt, en ferry ou tramway, les 16 km de l’embouchure de la Warnow pour découvrir sur la Baltique la station balnéaire de Warnemünde, administrativement rattachée à Rostock. Warnemünde est avant tout connue pour son immense plage de sable blanc et ses ferries vers la Scandinavie, activités qui attirent les touristes. Mais l’ancien village de pêcheurs, certes un peu envahi, est une agréable surprise. Il a su garder ses charmes avec ses élégantes villas de bord de mer et ses petites maisons de pêcheurs typiques serrées autour de ruelles fleuries. On peut y visiter la maison de pêcheur où vécut le peintre Edvard Munch pendant deux ans pour se remettre d’une dépression. Rostock lui a permis de remonter le courant comme en témoigne la production artistique intense qu’il a eu pendant cette période.
Il reste encore quelques pièces du puzzle de cette ville éparpillée à ajouter pour reconstituer tout le tableau de la Ville lumière. Votre visite vous permettra de les découvrir…
Lottie Brickert
Quel beau cadeau de Noël !
Quelle belle écriture pour nous faire partager la magie de ta découverte.
Merci pour cette visite qui donne bien envie de se rendre sur place..
Merci à vous; la description des oeuvres accrochées au musée me donne envie de prendre l’avion ou le train vite vite..Mais est-ce si simple d’approche ?
Bonjour Anne Chantal,
Pour répondre à votre question. Le plus simple est de prendre l’avion ou le train jusqu’à Hambourg puis une correspondance en train Hambourg Rostock (153 km et 2 heures environ de train direct).