La collection Illuminata éblouit l’École des Arts Joailliers de Hong Kong

L’exposition «An Eye for Beauty, the Illuminata Jewelry Collection» de L’École Asia Pacific, School of Jewelry Arts à Hong Kong est en parfaite harmonie avec l’atmosphère de fête qui règne ces jours-ci. À peine sorti des festivités destinées à célébrer l’arrivée de 2024, le Port au Parfum se pare à nouveau de mille feux afin d’accueillir l’année lunaire du Dragon de Bois. Des orchidées jaunes ou fuchsia, des fleurs de pêcher rose foncé, des mandariniers et des morelles mammiformes orangées s’emparent des rues, à l’ombre des lanternes flamboyantes, pourpres et or, accrochées au-dessus des échoppes. Une avalanche de couleurs vives s’abat sur la ville, rayonnante, à l’image de la joaillerie éblouissante offerte (l’exposition est gratuite) à l’œil du visiteur du cinquième étage du K11 MUSEA. Ce centre commercial de luxe jouxtant le somptueux hôtel Rosewood, qui confère un air futuriste à la promenade du front de mer de Kowloon, devrait son nom, dit-on, aux neuf muses de la mythologie grecque. Quoi qu’il en soit, c’est dans cet écrin mythique, quasiment neuf (ouvert au public fin août 2019), par ailleurs qualifié de «Silicon Valley de la culture» par ses architectes, que la branche Asie Pacifique de L’École des Arts Joailliers se situe. Ouverte en 2019 sous l’égide de Van Cleef & Arpels, son objectif est de sensibiliser puis de former le grand public hongkongais à l’univers de la joaillerie. Dans cette optique, un programme très riche de cours et de conférences est proposé.

Accessible jusqu’au 31 mars 2024, l’exposition actuelle est la septième depuis l’existence de ce cocon asiatique prestigieux entièrement consacré aux passionnés de pierres précieuses. Illustrant trois siècles de joaillerie occidentale (du 18e siècle à nos jours), certaines des 50 pièces présentées sont attribuées à Tiffany, Mermod et Jaccard, Garrard de Londres, Köchert de Vienne, Cartier, JAR de Paris ou Carnet. Ce regroupement exceptionnel se dédie à l’exploration du goût et à l’art de collectionner. Selon Mathilde Rondouin, historienne d’art et maître de conférences à L’École des Arts Joailliers, le nom de la collection dont les bijoux proviennent, Illuminata -en l’occurrence une déclinaison au féminin du mot illumine qui signifie l’initié- symbolise «une initiation grâce à la beauté».

Mais qui est la collectionneuse de ce trésor initiatique ?  Le mystère demeure entier, ou presque… Sur place, dans la salle de musée, malgré plusieurs tentatives de le découvrir avec des questions posées tout de go, personne ne veut le révéler. Cependant, en se prêtant au jeu des devinettes sur le mode de la plaisanterie, quelques indices peuvent être récoltés: Il s’agit d’une femme, vivant à Hong Kong, qui collectionne les meubles Ming (dynastie régnante chinoise de 1368 à 1644). D’ores et déjà, le profil ainsi reconstitué sort de l’ordinaire. À présent, il suffit d’interroger un moteur de recherche internet afin que l’identité de cette antiquaire hors norme au goût exquis soit dévoilée.

Si cette figure du Port au Parfum a voulu garder l’anonymat, elle n’en a pas moins glissé sa signature: Trois de ses meubles Ming en bois précieux de Huanghuali sont introduits en début de visite, soit une chaise à dossier haut en forme de «s», une table Pingtouan (haute et allongée) puis un coffret portable. S’ensuit un parcours enchanteur, presque étourdissant. Grisé par tant d’éclats, l’amateur peut perdre son latin face à l’abondance concentrée de diamants, rubis, saphirs, émeraudes, perles, topazes dorée et rose, cabochons de grenat, tourmaline, etc.

Parmi cette profusion de gemmes, les bijoux convertissables, très en vogue au 19e siècle, sont mis à l’honneur. Une paire de bracelets, en or et en argent, constitués d’une séquence entière de cercles en diamants entrelacés, chacun centré sur un diamant serti à griffes, émerveille. Au bonheur des dames, l’une des deux pièces a été conçue pour être portée de trois façons, en diadème, en tour de cou (choker) monté sur un ruban noir, ou, à même la peau. Comble de la sophistication, les deux bracelets peuvent se relier pour former un collier de diamants.

D’autres ornements indispensables des femmes élégantes étaient les broches. Elles s’épinglaient aux chapeaux, aux châles, aux capes, voire aux décolletés suivant la mode lancée au 17e siècle par Madame de Sévigné. En découvrant celles de la collection Illuminata, l’on regrettera sûrement que cette pratique soit devenue désuète. Comme il est difficile de surmonter sa convoitise après s’être perdue dans la contemplation d’une broche sertie d’une longue topaze rose, entourée de diamants et de rubis ! Souhaitons donc que l’année de l’impétueux Dragon de Bois rebatte les cartes de la mode, avec de la fantaisie qui comblera les esthètes.

Edwige Murguet (à Hong Kong)

Photos: ©Edwige Murguet
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Une réponse à La collection Illuminata éblouit l’École des Arts Joailliers de Hong Kong

  1. Joëlle SEGERER dit :

    Même pour moi qui suis d’ordinaire peu touchée par la bijouterie en pierres précieuses, le charme de cette description enthousiaste opère et si un tapis volant s’arrêtait devant ma porte, je l’emprunterais volontiers pour aller jeter un coup d’oeil curieux (« An Eye for Beauty ») à cette Illuminata Jewelry Collection.

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