Et si vous invitiez un quatuor dans votre salon ? C’est de plus en plus tendance, car il faut bien aider les jeunes musiciens qui n’ont pas la vie facile…. Il existe depuis longtemps des organisations proposant de programmer une soirée musicale chez soi, l’une des plus connues étant l’association caritative «Coline en ré» (visible sur internet), recueillant des fonds pour sauver des enfants dans le monde entier. Si on possède un piano, va pour un pianiste, sinon des virtuoses des cordes feront l’affaire. Il est plus rare d’inviter un quatuor de flûtistes, comme l’a fait récemment mon amie de longue date Ariane, de sa seule initiative. Tombée amoureuse de la flûte traversière depuis sa retraite (prématurée car cœur fragile), elle pratique depuis régulièrement, voire assidûment. Et comme pour les pros, elle est tombée il y a quelques années sur une professeure exceptionnelle qui lui a fait reprendre sa technique à zéro, une jeune argentine nommée Florencia Jaurena.
Née à Buenos Aires de parents musiciens, Florencia, aujourd’hui la trentaine, se découvrira une passion pour la flûte dès l’âge de neuf ans, remportera une floppée de prix, et viendra en France en 2008 par passion pour l’école française de flûte traversière. Elle mène la vie mouvementée de tous les jeunes musiciens, se perfectionnant ici et là, à l’École Normale de Musique comme à la Sorbonne Paris IV ou ailleurs, participant en 2018 et 2019 au Festival International des Arts de Shanghai où elle donnera des cours. Car parallèlement, elle a suivi tout un cursus pédagogique, car comment vivraient les jeunes musiciens en attendant la gloire, sinon en donnant des cours dans tel ou tel conservatoire, ou bien comme Florencia actuellement à l’École de Musique et de Danse de Boulogne-Billancourt.
Durant ce parcours étourdissant, rien d’étonnant à ce qu’elle fasse la connaissance d’une autre Argentine, ou plutôt d’une Argentine d’adoption comme son nom l’indique : sa consœur Esther Tissot Yoon est la fille d’un pasteur coréen du sud venu évangéliser les Argentins. Toute la famille tombera amoureuse du pays, et Esther de la flûte traversière classique dite flûte en ut. Lorsqu’elle obtient une bourse pour poursuivre sa première année de médecine en France, elle se débrouille pour être acceptée au Conservatoire à Rayonnement régional de Rueil-Malmaison, où elle obtient plusieurs prix. Côté enseignement, elle file se perfectionner en région Rhône-Alpes où elle rencontre un certain Français nommé Tissot, qui la retiendra à jamais sur notre sol.
L’Argentine de naissance Florencia et l’Argentine d’adoption Esther fondent en 2011 le quatuor «L’Esquisse», un quatuor féminin de flûte traversière tout naturellement dédié à la musique folklorique argentine. Esther tient la partition de la flûte en ut, Florencia également ainsi que le piccolo ; Elodie Roux-Aragau la flûte alto, Johanna Sassano la flûte basse. L’un des bonheurs d’assister à un concert privé est de se trouver nez à nez avec les instruments au lieu de les apercevoir de très loin sur une scène. Ainsi Johanna, le jour dit, nous a fait découvrir son instrument dit flûte basse, étrange objet massif et coudé afin de ne pas atteindre trop de longueur, qui pèse son poids et tient la place du violoncelle dans un quatuor à cordes. Deux jours avant le concert, ce fut la crise, comme en connaissent les salles d’opéra et de concerts du monde entier : Florencia subissait une attaque de COVID. Devait-on tout annuler ? En deux heures, les musiciennes ont trouvé la solution, un jeune confrère familier du répertoire remplacerait Florencia.
La salle à manger et le salon étant d’un seul tenant, soit près de 50 mètres carrés, les quatre artistes se sont installés sur la gauche, debout l’un à côté de l’autre, positionnés comme un quatuor à cordes : les deux violons, l’alto et le violoncelle étant remplacés par la flûte en ut, le piccolo, l’alto et la basse. En face d’eux, sur deux rangées de chaises, mon amie Ariane avait pu caser vingt-cinq amateurs. Les quatre musiciens ont interprété le programme du premier CD de «L’Esquisse» intitulé «Impressions d’Argentine», commençant par quatre morceaux du compositeur Enzo Gieco adaptés pour leur formation, évoquant des danses folkloriques. Ensuite ce furent des rythmes «Portenos» de Buenos Aires, dont ceux de Carlos Gardel. L’ensemble sonnait étonnamment bien dans ce salon moderne au plafond assez bas, donnant sur des feuillages, chaque instrument faisant entendre sa note si particulière. On se sentait de plus en plus ailleurs, jusqu’à ce que Hector Piazzolla ferme la marche. En attendant d’inviter un quatuor dans votre salon, vous pourrez toujours vous rendre à Bagatelle en mai pour le premier festival musical printanier.
bravo à Ariane,
Peut-être serait-il imaginable d’organiser un concert dans mon jardin? Quel seraient les conditions pratiques et le coût à prévoir? pour une telle aventure?
Pour le répertoire il faudrait sans doute élargir un peu!!!!!!
Parlez en…
Belle idée…Il suffit de se mettre en contact avec le quatuor L’Esquisse…